Maroc

Le frère du Cheikh Ahmed Rissouni assassiné à Larache

Ce n’est pas une affaire de banditisme ni un conflit personnel. Le frère du Cheikh Ahmed Rissouni, le vice-président du Conseil mondial des oulémas musulmans dirigé par Youssef El Qaradaoui, a été découvert gisant dans une mare de sang. Des bâtons et autres armes blanches ont été abandonnés près de son cadavre.

Aussitôt, c’est toute la région de Larache qui a connu une ébullition sans précédent puisque la victime appartenait à la très vénérée tribu des Rissouni, dont la zaouiya (sanctuaire) a été implantée dans ces lieux depuis le XVI ème siècle, pendant la grande guerre de l’Oued Al Makhazine, ou « Guerre des trois Rois », ayant opposé en 1578 l’armée du Roi Abou Marwan Abdelmalik aux troupes du Roi portugais Sebastien 1er épaulé par le sultan déchu, et frère de Abdelmalik, Mohamed Al Moutawakil.

Depuis cette époque, la famille Rissouni jouissait d’une grande estime auprès des populations et, dans le sillage, son assise économique ne cessait de se renforcer, notamment en acquisition de plusieurs centaines d’hectares de terres agricoles. De génération à une autre, les représentants de la famille exploitaient leurs biens et faisaient travailler chez eux des khemmasas (ouvriers agricoles rétribués du 1/5 des récoltes). Par certains moments de la longue histoire, les Rissouni leur arrivait de céder à ces familles de métayers des exploitations agricoles pour leur usage personnel.

Et c’est justement l’un de ces terrains qui devait provoquer une crise depuis une dizaine d’années, lorsque des familles de métayers commençaient à se considérer propriétaires de facto de quelques exploitations qu’ils considéraient comme terres communautaires. Ce n’était pas l’avis de Hicham Rissouni, l’un des héritiers de la dynastie des Rissouni qui a exhibé tous les documents adoulaires (notariat traditionnel) attestant de la propriété exclusive de ces terres.


Le litige ne s’est pas pour autant arrêté. Pendant plusieurs années, des altercations et des procès opposaient les deux clans, alors que les terrains étaient restés à l’abandon. Mais cette année, Hicham Rissouni a décidé de labourer sa terre, d’autant plus que la pluviométrie a été encourageante pour une saison agricole exceptionnellement bonne.

Les vieilles frictions ont surgi et les représentants des métayers n’ont pas pu retenir leur colère et ont décidé de laver l’affront. Hicham Rissouni n’a pas pu échapper à leur sentence et a été battu à mort.

A présent, ce sont onze personnes qui ont été interpellées par la gendarmerie royale pour homicide volontaire avec préméditation et complicité de meurtre. Youssef El Qaradaoui, président du Conseil mondial des Oulémas musulmans, s’est déplacé lui-même au domicile de Rissouni au Qatar pour lui présenter ses condoléances.

S.L.

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