Maroc

Environnement : réinventer une agriculture frugale face au stress hydrique

Face au stress hydrique, le Maroc doit repenser son agriculture. L’expertise locale et les pratiques paysannes ancestrales renferment des solutions agro-écologiques endogènes. Une opportunité de valoriser le génie paysan marocain pour développer une agriculture résiliente et durable.

Le Maroc, à l’instar de nombreux pays de la région méditerranéenne, fait face à des défis majeurs liés au stress hydrique, qui menacent la résilience et la durabilité de ses systèmes de production agricole. La baisse de la pluviométrie et l’instabilité climatique constituent le premier défi de taille. Les épisodes de chaleur plus fréquents et l’irrégularité des saisons remettent en cause les modes de production traditionnels. Certaines zones deviennent impropres à l’exploitation agricole en raison de la diminution drastique des précipitations. Cette réduction plonge le potentiel de production dans une zone de turbulences qui, dans les cas extrêmes, peut réduire à néant les rendements.

Face à cette situation préoccupante, Hassan Benabderrazik, économiste et expert en agriculture souligne que les agriculteurs sont en première ligne. Leur capacité d’adaptation aux nouvelles conditions climatiques représente l’enjeu primordial. Revoir leurs pratiques culturales, leurs choix de spéculations et adopter des techniques résilientes seront indispensables pour garantir la pérennité de leurs exploitations. Un accompagnement soutenu par la recherche scientifique, le conseil agricole et l’accès aux nouvelles technologies s’avère crucial.

Au-delà du secteur primaire, la gestion durable de la ressource hydrique dans son ensemble est remise en question. Le modèle actuel de gouvernance de l’eau doit impérativement évoluer pour répondre aux défis posés par le changement climatique, sans pour autant pénaliser l’agriculture de manière disproportionnée. Une attention particulière doit être portée à la préservation de l’activité économique et des emplois liés au secteur agroalimentaire, pourvoyeur majeur de richesses et de stabilité sociale au Maroc.


Pour Benabderrazik, les organes d’accompagnement des agriculteurs (en matière de recherche, vulgarisation et conseil agricole) ont aussi un rôle important à jouer, celui de développer et promouvoir les technologies, pratiques et conseils techniques permettant aux exploitants d’adopter des modes de production plus résilients face au stress hydrique.

Une biodiversité productive, atout face au stress hydrique
Le Maroc se distingue par une grande diversité de systèmes de production agricole, reflétant la richesse de ses environnements et de ses savoir-faire ancestraux. Des techniques culturales aux expériences menées, en passant par les conditions pédoclimatiques, cette hétérogénéité confère une résilience précieuse face aux aléas.

À titre d’exemple, les défis posés par le changement climatique diffèrent grandement entre les zones de Larache et les terroirs oasiens de Errachidia, explique l’expert, soulignant que cette diversité recèle des expériences et des savoirs empiriques, gages d’adaptation aux contraintes hydriques et thermiques. Capitaliser sur ces pratiques traditionnelles, les valoriser et les diffuser permettra de constituer un corpus de connaissances et de solutions endogènes à même de guider la transition agro-écologique du Royaume.

Innover dans la résilience grâce au génie paysan marocain
La transition vers une agriculture plus frugale et résiliente, enjeu mondial, offre une opportunité de valoriser le riche patrimoine agraire marocain. Plutôt que de singer aveuglément les modèles productivistes européens ou américains, peu adaptés aux contraintes locales, le Royaume doit capitaliser sur ses savoir-faire traditionnels millénaires et ses techniques ancestrales d’optimisation des ressources naturelles. Les exploitations familiales et paysannes recèlent ainsi de précieux gènes de résilience, des pratiques vertueuses comme le semis direct sous couvert végétal, les irrigations déficitaires contrôlées ou la micro-irrigation localisée, économe en eau.

Loin d’être à la traîne, le Maroc dispose d’un vivier de solutions agro-écologiques endogènes à même de lui permettre d’innover et de développer ses propres modèles de production durable, en phase avec son génie paysan et son écosystème. Cette voie, que le Royaume commence à emprunter, représente une véritable opportunité de se positionner à l’avant-garde de l’agro-écologie frugale de demain, conclut l’expert.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO

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