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Inflation: les dernières pluies redonnent le moral au Maroc

Après des années de perturbations météorologiques qui se sont traduites soit par des températures anormalement élevées pour la saison, soit par un manque de pluies, le mois de mars de cette année semble retrouver quelque peu ses caractéristiques saisonnières.

Les précipitations enregistrées ces derniers jours tombent à point nommé. Avec la sixième année consécutive d’une sécheresse accrue et des ressources hydriques qui se font de plus en plus rares, le Maroc s’était préparé à une année pire que la précédente en termes de pluviométrie. Or, la clémence du ciel ces derniers jours et au début du mois de mars, vient sauver la mise.

Les professionnels de l’agriculture affirment à l’unanimité que la campagne pour certaines cultures est compromise. Qu’il pleuve ou qu’il neige à profusion, rien ne pourra changer la donne.

«Pour les cultures d’automne, c’est perdu d’avance, peu importe le niveau de pluviométrie actuel. Car au moment où il devait pleuvoir, à savoir dès le mois d’octobre, il n’y a pas eu une goutte de pluie. Cet épisode d’interruption qui a duré, a endommagé les plants. Il faut signaler que les cultures de certaines régions, telles que Chaouia, Marrakech, Béni-Mellal et une partie du Gharb, sont complètement compromises. Pour ces cultures, il ne faut rien espérer», déplore Rachid Benali, président de la COMADER (Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural).

Ainsi, pour les céréales, les légumineuses et les oléagineux, les producteurs n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Mohamed Bajeddi, agroéconomiste, s’attend, pour sa part, à une récolte très moyenne. Même constat concernant la campagne céréalière. En revanche, l’optimisme est de mise pour ce qui est de l’évolution des cultures de printemps. Les récentes précipitations sont, en effet, bénéfiques pour les cultures maraîchères et l’arboriculture. Ainsi, la production de fruits et légumes s’avère prometteuse. Cette pluie est aussi particulièrement favorable à l’olivier.

Selon Rachid Benali, il s’agit de la période appropriée pour stimuler la floraison des plants. Ce dernier affirme également que cette pluie est bénéfique pour les pâturages. À entendre ces prévisions encourageantes, l’on peut s’attendre à une production abondante, ou du moins suffisante pour couvrir les besoins de la population. Ce qui laisse penser que les prix de vente pourraient connaître une baisse, même modeste, à en croire Mohamed Bajeddi.

«Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a une règle générale en économie selon laquelle lorsque les prix augmentent, il ne faut pas s’attendre à un retour en arrière, puisque plusieurs éléments entrent en jeu tels que les prix des intrants. Ainsi, en dépit d’une production importante, les prix ne reviendront pas aux niveaux d’antan. Cependant, au vu des conditions actuelles, ils seront plus abordables», analyse-t-il.

Exportations
Pour Mohamed Bajeddi, dans les conditions actuelles, le Maroc pourrait ouvrir à nouveau la fenêtre des exportations vers le reste du continent. Pour rappel, ces dernières avaient été suspendues pour subvenir aux besoins du marché local et juguler l’inflation galopante qui a touché les fruits et les légumes, un moment donné. Par ailleurs, d’autres impacts positifs sont à constater. Il s’agit de l’amélioration du revenu des agriculteurs, chose qui permettra par ricochet d’atténuer l’exode rural qui a tendance à s’intensifier en période de sécheresse. Certes, ces précipitations redonnent vie, mais elles sont loin de résoudre la problématique de l’eau potable qui se pose toujours avec acuité.

«Ces pluies vont alimenter la nappe phréatique, mais pas au point de combler le déficit, car le cumul de ces années de sécheresse a exacerbé la situation. Ces pluies périodiques, qui ne sont d’ailleurs pas exceptionnelles, ne compensent pas. En fait, elles s’inscrivent dans la normalité. Toutefois, nous observons une amélioration notable quant au niveau de remplissage des barrages», indique Fouad Amraoui, professeur chercheur en hydrologie.

Ce dernier indique qu’à la date du 27 mars, le taux moyen de remplissage des barrages s’est situé à 27% avec 4,3 milliards de m3. Cependant, l’expert a signalé qu’il faudra attendre encore quelques jours pour mesurer l’impact des précipitations.

En termes de répartition, le bassin Oum Rabii demeure le plus déficitaire du pays. Le bassin d’Al Massira affiche un taux de remplissage de 1%. Celui de Bin El Ouidane est à 7,6%. La situation est meilleure au niveau de la région de Tensift qui compte un taux de remplissage de 56%. Celle de Souss Massa se situe à 15%. Bien que les indicateurs laissent entrevoir quelques lueurs d’espoir, la situation est tellement critique que la vigilance doit rester de mise.

Maryem Ouazzani


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