Maroc

Ces jeunes Marocains qui font des petits boulots d’été

Les vacances à peine terminées, les parents sont déjà exténués par les charges engendrées par les voyages et par les réceptions des invités et membres de la famille, sans oublier les dépenses colossales durant le mois de ramadan qui a coïncidé, encore une fois cette année, avec les vacances d’été.
La fin des vacances scolaires n’est nullement une récréation pour les parents. Loin de là, aborder la nouvelle saison scolaire est synonyme d’encore plus de charges, surtout qu’elle coïncide avec une autre fête religieuse, tout aussi importante, à savoir l’Aïd al-Adha.

Les parents, désorientés, se verront dans l’obligation de s’organiser en conciliant les dépenses du cartable de l’enfant et le budget consacré à la fête du mouton. Face à cette situation, certains enfants, pour le moins conscients de ce fait et partageant les soucis de leurs parents, se lancent dès leur jeune âge dans l’aventure des petits métiers.

Très jeunes, mais réalisant déjà la nécessité de se prendre en mains, les élèves, encore en vacances, exercent des petits métiers pour se faire de l’argent et se préparer à la rentrée scolaire.

Si certains squattent les trottoirs pour exposer des marchandises, d’autres intègrent des ateliers pour assister les mécaniciens, les menuisiers ou encore des tailleurs du quartier, tandis qu’une bonne partie longe les plages en proposant des produits tant demandés par les estivants.

A Mehdia, principale plage de Kénitra, Reda, un collégien en vacances, s’est reconverti pour la circonstance en vendeur de beignets aux côtés de son oncle. Il s’est habitué à travailler durant les vacances d’été en exerçant un métier propre à la famille depuis des décennies. Il raconte fièrement comment il arrive, en plus du financement d’une bonne partie de ses fournitures, à se donner le luxe de se payer «des vêtements ou des chaussures de sport grâce à ce travail».


Hind, 13 ans, issue d’une commune rurale près de Kénitra, expose des figues de barbarie au bord de la route reliant Salé à Mehdia. Elle aussi dit travailler pour payer les fournitures scolaires, consciente, malgré son jeune âge, que ses parents ne savent plus à quel saint se vouer : «Notre petite exploitation agricole ne suffit plus à couvrir les charges d’une famille de 8 personnes.»

Sa sœur aînée, Lamiae, 17 ans, propose du pain à la farine de blé préparé par la mère des deux filles. Elle le vend à 2 dirhams l’unité : «Cela me permet d’aider ma famille à subvenir aux besoins des mes petits frères et d’acheter mes fournitures scolaires.»

A Moulay Bousselham, Mustapha, 52 ans, ne cache pas sa fierté d’avoir un fils comme Oussama, son enfant qui vient d’avoir 14 ans et qui «s’occupe de tout !» Cet originaire du village dispose de parasols et de chaises qu’il loue aux estivants et d’une barque qu’il loue pour des balades en mer. Et c’est Oussama qui «se charge des négociations, parfois rudes, avec les clients. Il met en place les chaises et les parasols, et le soir, il nettoie la barque», nous confie-t-il. Le père est conscient que s’il a plus de clients que ses concurrents, c’est grâce à son fils qui «est un garçon courageux, intelligent et joyeux».

Le travail pendant les vacances présente plusieurs avantages. Les jeunes apprennent à connaître la vraie valeur de l’argent et à mieux le gérer. Ils peuvent acquérir de l’expérience et s’essayer dans de nouvelles situations. Le travail aide également à développer la capacité des adolescents à travailler en équipe.

Dans le centre ville, Yassine, étudiant en droit à l’université, s’est transformé en vendeur de cartes de téléphones portables. Il veut gagner un peu d’argent pour subvenir à ses besoins et permettre à ses parents de «se consacrer au grand sacrifice, à savoir le mouton de l’Aïd».

Conscient de ce que la pension de retraite de son père ne peut supporter la charge de son éducation et celle de ses 3 sœurs, Hamza, un adolescent de 15 ans, a décidé de revendre ses anciens manuels scolaires et ceux de sa soeur pour contribuer à l’achat de nouveaux manuels et fournitures scolaires. «Jusque là, mon père payait mes études, mais cette année, c’est un peu dur car je vais au lycée et les fournitures coûtent un peu plus cher. C’est pourquoi, j’ai décidé de l’aider à assumer cette charge», explique-t-il.

Cependant, ces petites activités ne sont pas sans risque. D’une part, l’intégration de ces jeunes au marché n’est pas toujours facile. Leurs journées sont des combats non-stop. Étant plus jeunes et moins expérimentés, Ils doivent lutter pour se faire une place parmi les plus anciens qui n’hésitent pas à les intimider ; mais aussi, ils doivent user de tous les moyens pour avoir le plus de clients possible et des revenus plus consistants en fin de journée.

D’autre part, très souvent, il faut faire avec la dangerosité des lieux de travail quand il s’agit des adolescents qui rejoignent les ateliers de menuiserie, de mécanique ou encore d’artisanat. Le manque d’expérience et de technicité de ces jeunes apprentis est susceptible de leur causer des accidents de travail pouvant entraîner des infirmités permanentes.

Néanmoins, si le travail chez l’adulte est parfois synonyme de corvée, de tâches répétitives et de stress permanent, beaucoup d’enfants et adolescents qui travaillent pendant leurs vacances trouvent en cet exercice une véritable distraction, une récréation de plusieurs semaines.

En effet, exercer des petits métiers saisonniers leur permet de rencontrer des jeunes de leur âge, d’échanger avec un public différent, de tout âge de toute strate sociale, d’apprendre à se surpasser en essayant de réaliser chaque jour un revenu plus important ou conquérir de plus en plus de clients. Des défis permanents qui stimulent leur enthousiasme et leur procurent une grande joie.

Hakim Ennadi

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