Chroniques

La chronique choc de Sanaa El Aji sur Saad Lamjarred

La journaliste Sanaa El Aji, connue pour son franc parlé, a publié une chronique en arabe dans le quotidien Alahdath Almaghribia cette semaine. Nous vous proposons une traduction de cette chronique, étant donné qu’elle a fait réagir beaucoup de monde…
« Messieurs, soyons d’accord sur certaines notions élémentaires: L’individu qui a été victime d’un vol n’est pas responsable de son propre vol, car « c’est lui qui est sorti en portant son portefeuille ou son téléphone ». Dans le même sens d’idée, la fille qui est victime d’un viol, n’est pas responsable de cet acte quoiqu’elle porte comme vêtement, et peu importe le moment ou le lieu où elle a été victime de ce viol … Dans tous les cas, le seul responsable et le véritable coupable n’est autre que le mis en cause.
C’est pourquoi, il m’est difficile et pour toute autre personne croyant aux droits, d’assimiler cette large campagne de solidarité avec Saad Lamjarred, avant que la justice ne dise son dernier mot. Saad se trouve actuellement en phase d’investigation. La justice française va donner son jugement. Si Saad est innocent, à ce moment là il mérite toute notre solidarité, non pas parce qu’il est Marocain ou parce que son talent nous plaît, mais parce que il a été opprimé, et victime d’une accusation préfabriquée. Si Saad était coupable, alors la seule personne qui mérite notre solidarité est la fille violée.
A part tout cela, quoique sa réussite nous plaise et même si nous lie avec lui la même nationalité, il ne faut pas qu’on se solidarise avec lui, alors qu’il est poursuivi pour délit de viol et d’agression corporelle, sauf si son innocence a été prouvée. Tous ceux qui acclament devant nous « Je suis Saad Lamjarred », ou « toute solidarité avec Saad », ont-ils pensé un moment quel serait leur attitude si ce crime a été prouvé contre Saad ? Est-ce que cela veut dire qu’ils encouragent le viol ? Est-ce que cela veut dire que quand on aime quelqu’un, on est prêt à fermer nos yeux sur toutes ses pratiques, et pire on les soutient tout simplement car il fait partie de nous, ou parce qu’il a réussi ?
Toutes ces réactions choquantes, émanaient de ceux (et surtout celles des femmes), qui ont considéré que la fille est responsable, parce qu’elle l’a accompagné dans sa chambre. Est-ce que le fait de l’avoir accompagné dans sa chambre lui donne le droit de la violer ? Quand une personne croît au principe des droits et de l’égalité, il faut qu’il soit conscient qu’une fille qui accompagne un jeune dans sa chambre ne lui donne pas le droit de la violer. Mais, la relation sexuelle peut être désirée par les deux parties, et si l’un des deux veut y mettre fin, il est du devoir de l’autre de respecter ce choix. Il y a une autre catégorie de femmes, qui a considéré que la victime a été chanceuse, car un individu de renom et de réussite en la personne de Saad Lamjarred s’est intéressé à elle. Comment doit-on penser en justifiant, pas seulement en tant que femmes, mais en tant qu’individus égaux, l’idée de l’agression et du viol, tout simplement parce que l’accusé est beau ou riche ou encore de renommée ? est-ce que ces femmes comprennent qu’avec leurs paroles elles scellent le fait que l’homme a le droit de les violer, et de les agresser, quand il est riche ou une star ?
Ensuite, que se passerait-il si l’accusé n’était pas Saad Lamjarred, avec sa renommée et sa réussite, serions-nous solidaires avec un concitoyen poursuivi pour un délit de viol ? S’agirait-il donc de la défense du même individu (pour sa situation, sa fortune et sa réussite), ou s’agirait-il de la défense d’une affaire ou d’une question et d’un principe ? Si on était en train de défendre une affaire, d’un principe de liberté et le respect de la femme et de sa protection contre toute agression, on ne peut se solidariser avec Saad Lamjarred, sauf si son innocence est avérée. Mais si on était en train de défendre un individu, quelles que soient les accusations qui lui sont portées, alors il devait s’interroger sur nos véritables positions et s’il est contre il s’en suivit d’un vacarme agressif.
Enfin, si l’on réfléchit sur le fait qu’on proteste contre une comédienne qui joue un rôle qui ne nous plaît pas, malgré le fait qu’il ne s’agit que d’un rôle joué dans le cadre d’un travail artistique, nous réagissons à ce moment pour défendre l’honneur … Mais nous sommes en train de défendre très fort un individu accusé vraiment de viol. Il existe une chose qui ne sied pas avec notre relation avec la femme … et avec l’honneur. »
S.A.

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