Chroniques

Rapport de Jettou: l’ONSSA victime de son succès ?

Par Karim Essakali
La Cour des comptes a publié son habituel rapport qui dresse les dysfonctionnements des différentes instances publiques et semi-publiques et propose un certain nombre de recommandations. Comme à l’accoutumée, les différentes conclusions de l’équipe de Jettou, ont été interprétées de différentes manières, notamment par la presse et sur les réseaux sociaux.

Force est de constater que la moindre observation mentionnée dans le rapport est susceptible de constituer une arme pour régler des comptes politiques.
L’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) figure parmi les institutions auditées par l’équipe de Jettou. La partie du rapport qui lui a été réservée a étrangement été celle qui a le plus intéressé certains médias.

Cette campagne alimentée de critiques « destructives » ne peut s’expliquer que par la présence à la tête du conseil d’administration de l’ONSSA, du ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, premier opposant de certains partis politiques.

Mais les Marocains n’ont pas la mémoire courte. Tout le monde se souvient de la putréfaction de la viande durant aid al aldha 2017. Cela, rappelez-vous, a ouvert la porte à un déluge de critique envers la même personne, le ministre de l’Agriculture en l’occurrence.  Face à cette problématique, Aziz Akhannouch, en tant que Président du conseil d’administration de l’ONSSA, a procédé au changement du directeur général de l’office et la nomination d’un nouveau directeur. Quelques mois avant l’arrivée du nouveau Directeur général en 2018, les juges de Driss Jettou menaient une mission d’inspection à l’Office qui a couvrait la période 2010-2017.

Alors que la Cour des comptes se concentrait sur la rédaction de la synthèse des observations relevées par ses  magistrats, une nouvelle dynamique a été lancée au sein de l’ONSSA, portée par un souffle nouveau, de nouvelles orientations et une plus grande ouverture sur son environnement externe. Dès lors, l’ONSSA a gagné en notoriété.

Les actions concrètes de l’ONSSA menées depuis 2018 se sont multipliées et ont renforcé le capital de confiance des Marocains. Ces derniers ont continué de consommer la menthe, en toute sécurité, car ils savent pertinemment que l’ONSSA avait renforcé le contrôle de l’utilisation des pesticides sur cette culture, et détruit, sans hésitation, les parcelles jugées non conformes.

De la menthe au thé, l’ONSSA a imposé de nouvelles normes, plus strictes, sur les importations. S’en est suivi l’intervention de l’ONSSA contre la situation des abattoirs aux quatre coins du Royaume, lorsque ses médecins vétérinaires ont refusé d’inspecter les viandes dans les abattoirs non conformes faisant face aux contestations, parfois agressives, des bouchers, encore une fois avec le seul souci de préserver la santé des citoyens.

Les observations de la Cour des comptes se sont focalisées sur le faible contrôle de l’Office. Sur ce point, la réponse de l’ONSSA était très probante: « Le travail d’inspection est allé au-delà de la gestion de l’ONSSA pour s’intéresser aux politiques publiques en matière de sécurité sanitaire des produits alimentaires », précise l’office dans sa réponse. Il est ensuite expliqué que ce champ connait l’intervention de plusieurs acteurs, notamment les collectivités locales.

D’ailleurs, l’ONSSA a également mis en exergue ce problème de chevauchement des prérogatives et des responsabilités entre ces différents départements. Cela délimite le champ d’intervention de l’ONSSA et rend peu objective l’évaluation de son bilan. Compte tenu de tout cela, la question qui se pose est la suivante: les conclusions du rapport ont-elles été utilisées pour porter atteinte au ministre de l’Agriculture?

Suite à la publication du rapport, l’ONSSA été la vedette des médias. Les observations de la Cour des comptes ont manifestement suscité une couverture médiatique très large, essentiellement à cause de son ouverture permanente avec les différents supports médiatiques. Or, cette couverture ne s’est pas intéressée à un point majeur: selon des sources internes, la plupart des observations des magistrats ont été prises en considération par les services de l’ONSSA, et leurs recommandations ont été déjà programmées dans la feuille de route de l’office. Les quatre observations qui restent en suspens émanent de la compétence d’autres institutions. L’ONSSA est visiblement victime de son succès et de sa com’, peut-être trop transparente dans un environnement qui ne s’y prête pas.


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