Politique

Manque de chiffres et de dates: l’opposition fustige le programme gouvernemental

Le programme du gouvernement manque d’un cadre référentiel, de chiffres et d’indicateurs clairs, ont estimé, ce mercredi, les groupes de l’opposition à la Chambre des représentants.

Lors d’une plénière consacrée à la discussion du contenu du programme gouvernemental, ces groupes ont souligné que ce programme constitue une simple déclaration d’intention qui ne révèle ni de mécanismes d’exécution ni de calendrier de mise en œuvre pour les cinq prochaines années. Le groupe socialiste considère, dans ce sens, que « le projet du programme gouvernemental ne répond pas aux attentes et n’est pas à la hauteur de cette nouvelle alternance », ajoutant que ce programme, « même s’il accorde une grande importance aux questions économiques et sociales, reste en deçà du moment historique marqué par le lancement de l’opérationnalisation du modèle de développement ».

Après avoir souligné « l’importance d’accélérer la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles retardées depuis une décennie », il a appelé à la création d’urgence de l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination et du Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative, au renforcement des missions de la Délégation interministérielle aux droits de l’homme et au renouvellement des politiques publiques et générales liées au système des droits de l’homme, ainsi qu’à l’élaboration d’un nouveau plan national pour la démocratie et les droits de l’homme, dans le cadre de la même approche participative ayant prévalu auparavant.

Dans ce même ordre d’idées, le groupe du Mouvement Populaire a noté que  »le programme gouvernemental manque d’innovation et se fixe des priorités qui sont loin d’être inédites comme la santé, l’éducation, la couverture sociale ou encore la consolidation de la vocation sociale de l’État ».

Le groupe relève, toutefois, qu’il existe dans ce programme  »des évocations timides de secteurs et de politiques publiques tels l’équipement, le transport, les ressources hydriques, la transition numérique, les disparités sociales et territoriales, la transition énergétique, la réforme de l’administration ainsi que la recherche scientifique ».

 »Il ne s’agit ni plus, ni moins que d’une déclaration de bonnes intentions et non pas d’un programme gouvernemental comme cela est énoncé dans l’article 88 de la Constitution », a-t-il jugé, soulignant que le programme du nouveau gouvernement doit comporter des objectifs chiffrés selon un agenda bien défini et dont la réalisation repose sur la convergence et la coordination.

Il a estimé, en conséquence, que ce programme est  »sans ambitions et ne répond aucunement aux attentes des populations ciblées, notamment les Marocains du monde et les jeunes », ajoutant qu’il n’apporte « aucune vision claire concernant la politique étrangère, la culture, l’environnement, la révision à la hausse de l’offre en matière de logement, la moralisation de la vie publique, la lutte contre la corruption ou encore l’économie de la rente ».

Le groupe du Progrès et du Socialisme a soutenu, quant à lui, que le programme gouvernemental est fidèle aux Hautes Orientations Royales et aux objectifs du Nouveau Modèle de Développement (NMD).

Tout en indiquant que ce programme comporte des choix importants, le groupe fait, cependant, remarquer que  »l’évaluation de l’action du nouveau gouvernement se fera à l’aune des résultats et de la réalisation des promesses inscrites sous le signe d’un État social ».

Le groupe a aussi focalisé son intervention sur le secteur de la santé, classé en tête des priorités dans le sillage de la propagation de la Covid-19 dans plusieurs pays, dont le Maroc, notant que le Royaume a réussi, grâce à la clairvoyance du roi Mohammed VI, à atteindre la souveraineté en termes de vaccins et de moyens de prévention de cette pandémie.

Dans ce sens, il a relevé la nécessité de capitaliser sur cette performance pour faire aboutir l’opération de généralisation de la couverture médicale et sociale, ce qui requiert une transformation dans la gouvernance du secteur, la valorisation des efforts des ressources humaines y opérant et la révision radicale et l’amélioration du régime des salaires du personnel de la santé.

Après avoir souligné la place accordée par le programme gouvernemental à la question de l’enseignement, le groupe du progrès et du socialisme a insisté sur la nécessité du retour aux principes fondateurs du système d’enseignement, à savoir la généralisation, l’unification, l’amélioration, la garantie de l’équité et la démocratisation de l’accès à l’école publique qui doit être réhabilitée.

Quant au groupement de la Justice et du Développement, il a estimé que le programme gouvernemental se démarque par la phraséologie et l’absence d’indicateurs et des objectifs économiques et sociaux qui devraient être réalisés au cours du mandat de cet Exécutif, ajoutant que ce programme n’a pas évoqué les taux de croissance économique, le déficit budgétaire, le volume des investissements publics, ou encore les taux de chômage et d’inflation.

Selon le groupement, le programme gouvernemental n’explique ni les modes de financement à adopter, ni la manière à suivre pour réduire le déficit budgétaire, et ne fait aucune référence au positionnement du secteur privé et des banques, ce qui interpelle sur le degré d’applicabilité, de réalisme et de crédibilité dudit programme.

MH


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