Politique

Formation du gouvernement : Et si Benkirane était victime de sa propre méthode?

Cela fait cinq semaines que Benkirane a été désigné pour former un gouvernement, mais rien n’augure un résultat dans l’immédiat.

L’enregistrement de l’allocution d’Abdelilah Benkirane prononcée devant les membres du conseil national du PJD et diffusé par le site officiel de ce parti, a donné une idée sur le processus des consultations entamées en vue de former le gouvernement.

C’est sur un ton d’amertume apparente que Benkirane relatait ses conclusions par rapport au premier round des tractations. Il n’a pas hésité à avancer qu’une tentative de putsh a eu lieu au lendemain de la proclamation des résultats et que cette tentative a échoué. Qui a mené cette opération et comment ? Benkirane fait appel aux devinettes. Toujours est-il que sa désignation par le Roi pour former le prochain gouvernement est une preuve du respect de la légitimité démocratique et que personne, du moins en public, n’a contesté ce fait. De là à vouloir renverser la tendance, il y a un brin de démagogie qu’il ne faut pas oublier de mettre à l’actif du chef de gouvernement. Ceci, d’autant plus qu’il s’adressait aux membres du conseil national qui devaient statuer sur plusieurs questions et qu’il fallait à tout prix amadouer en mettant, encore une fois, en avant le sempiternel concept de la victimisation. D’ailleurs ce concept se trouve être le socle sur lequel Benkirane édifie son raisonnement, puisque par la suite il se plaint, sans le nommer, d’Akhannouch qui aurait voulu lui dicter ses conditions. Là, le chef de gouvernement monte sur ses grands chevaux pour assurer l’assistance de sa détermination à respecter les valeurs auxquelles il croit et de ne pas céder face au chantage. C’est bien ce genre de discours, qu’il n’a pas cessé de répéter tout au long du quinquennat, qui lui vaut l’allégeance aveugle de bons nombres de militants du PJD. Mais, tout ceci survient, alors que Benkirane n’a, enfin de compte, même pas débuté un vrai processus de négociations avec les partis susceptibles de former avec lui la majorité. Il s’est contenté d’accepter l’adhésion inconditionnelle de l’Istiqlal et du PPS sans plus. Sur le reste, il n’a mené que des consultations qui n’ont abouti à aucun résultat. Mais, pendant ce temps, Benkirane est revenu à son sport favori qu’est la polémique. Tantôt, il fustige l’alliance du RNI et de l‘UC, tantôt il accuse des forces occultes de vouloir bloquer le processus et de l’empêcher de former le gouvernement. Il a même laissé entendre qu’il n’hésitera pas à déclarer forfait et revenir à la maison et qu’advienne que pourra. Tout ceci, alors qu’il n’a invité personne à des négociations sérieuses, notamment sur l’architecture gouvernementale et le programme. Rien. Il a même déclaré n’avoir besoin que de vingt sièges pour gouverner.  Alors pourquoi n’a-t-il pas présenté une offre concrète à l’USFP pour enfin réaliser son rêve de gouverner avec la Koutla?

On a même l’impression que le chef de gouvernement sollicite l’adhésion des autres partis à sa propre vision sans rechigner. Or, cette méthode est infructueuse et contreproductive puisqu’elle ne prend pas en considération la nature même d’un gouvernement de coalition, qui par essence ne peut se former que grâce à un large consensus. On peut même s’interroger sur les intentions réelles de Benkirane quant à la conduite du futur gouvernement, car cette situation d’opacité est savamment entretenue à des desseins non avouées. Et bien entendu, le blocage, c’est l’autre.

Taoufik Jdidi


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