Politique

Le marathon de Benkirane pour la formation du gouvernement

C’est un vrai marathon qui attend Benkirane pour constituer son gouvernement. La tâche ne sera pas de tout repos, au vu des appétits des uns et des autres.

Chargé par le roi de former un nouveau gouvernement à l’issue de sa victoire aux élections du 7 octobre, Benkirane a tout d’abord décidé de contacter les partis qui ont constitué à ses côtés l’ancienne majorité.

De source bien informée, Benkirane comptait commencer par ouvrir les négociations avec le Rassemblement national des indépendants. Mais, au vu de ce qui vient de se passer au sein de ce parti, notamment la démission de Salaheddine Mezouar et la désignation d’Aziz Akhanouch comme président par intérim, le chef de gouvernement devra d’abord discuter avec le Mouvement populaire.

En effet, Aziz Akhanouch a anticipé cet état de fait en déclarant qu’il n’entamerait de négociations avec Benkirane qu’après le congrès du RNI qui se tiendra le 29 de ce mois.


M’hand Laenser ne semble pas poser problème, puisque ses performances électorales ne lui permettent pas d’imposer quoi que ce soit à Benkirane. Mais de son côté, ce dernier devra tenir compte du loyalisme dont a fait preuve envers lui le secrétaire général du parti de l’épi et lui faire des offres acceptables.

Pour le PPS, qui viendra en seconde position dans les tractations, les choses sont plus ou moins claires, puisqu’il est l’allié inconditionnel du PJD. Les deux partis ont même scellé un accord avant les élections électorales, promettant de rester solidaires quelles que soient les circonstances. Par conséquent, Benkirane va se montrer généreux envers son allié, au risque d’irriter les autres partenaires qui ne verront pas d’un bon œil que le PPS puisse obtenir des portefeuilles qui dépasseraient, proportionnellement, ses résultats électoraux.

C’est le cas du parti de l’Istiqlal qui, apparemment, appréhende sa prochaine rencontre avec le PJD, tout en ayant à l’esprit les joutes verbales et les accusations réciproques qui ont émaillé les discours de Chabat et de Benkirane. C’est pour cela que les sages du parti, notamment Boucetta et Abbas El Fassi, ont conseillé au comité exécutif du parti de l’Istiqlal de former un comité ad hoc comprenant aux côtés de Chabat deux autres personnalités dont l’inspecteur général du parti, afin d’éviter un clash entre les deux hommes et d’essayer de décrocher le plus de postes qualitativement parlant.

Entre-temps, l’Union constitutionnelle s’est positionnée déjà sur l’échiquier en déclarant s’associer avec le RNI au sein du même groupe parlementaire. Le parti du cheval anticipe toutes les manœuvres et, sans le déclarer officiellement, se rend prêt à participer au gouvernement, sachant que son allié faisait partie de la majorité sortante et s’apprête à rempiler après son congrès extraordinaire.

Pour l’USFP, c’est le flou total. Les résultats des élections ont littéralement assommé la direction et la grande famille des ittihadis. Avec à peine de quoi constituer un groupe parlementaire, les socialistes ont été pris de vertige et plusieurs discours contradictoires commencent à circuler dans leur milieu. Même le communiqué officiel du parti de la rose n’est pas venu dissiper le brouillard. Il en a même rajouté en précisant que « le parti poursuivra sa voie dans son positionnement actuel au sein de l’opposition, et que tout changement est tributaire des décisions qu’auront prises les instances élues ». Ce qui a fait dire à un certain nombre d’observateurs que l’USFP serait tentée de participer au gouvernement. Mais, ce qui est certain, c’est que le bureau politique est divisé sur cette question. Il faudra donc attendre l’offre de Benkirane pour voir vers quel cap va naviguer le parti de Abderrahim Bouabid.

Bien entendu, le PAM ne se sent pas concerné par ces manœuvres et l’a fait savoir le jour même de la proclamation des résultats. D’ailleurs, le PJD a également annoncé qu’il écartait toute possibilité d’ouvrir des négociations avec « le symbole du tahakkoum ».

En tout cas, Benkirane a encore devant lui 37 jours pour tenter de former son gouvernement et formuler  ses  propositions au roi. Le fera-t-il à temps ? Réussira-t-il à convaincre les uns et les autres ? Ses propositions trouveront-elles un écho favorable auprès du souverain ?

Taoufik Jdidi

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