OPINION DU WEB

« Quand tu crois enfin que tu t’en sors, quand y en a plus, ben y en a encore… »

PAR Animo Rachad ADNAN 

« Quand tu crois enfin que tu t’en sors, quand y en a plus, ben y en a encore … » Je pense que je ne trouverai pas mieux que ces paroles de Stromae pour définir ma situation actuelle.

Je commençais à peine à profiter de l’été, avec modération pourtant, et voilà qu’un beau matin, je me réveille avec des maux de tête. Comprimés pour essayer de faire passer ça, consultation chez l’ophtalmologue ensuite (ce qui explique mon nouveau look avec les lunettes) et repos n’ont pu y mettre un terme… Ça ne faisait que s’amplifier. Et quand nausées et vomissements se sont invités à la partie, ça ne m’a pas du tout rassuré.

J’ai été hospitalisé en urgence pour détecter la source de mes douleurs… Les médecins ont effectué tous types d’examens (ponction lombaire, sternale, bilan biologique, scanner, IRM…) pour essayer de tirer tout ça au clair. En attendant, je souffrais le martyr, tout en étant shooté à la morphine. Et croyez moi, j’aurais préféré mourir que d’endurer cette douleur. D’ailleurs, j’ai réclamé la mort à un certain moment, mais on ne me proposait pas cette option au menu !

Le plus cool dans l’histoire c’est que j’ai eu droit à ma première virée en ambulance avec gyrophare et tout ce qui va avec … Je vous avoue que ça c’était marrant!

Beaucoup de crainte, de doute, de flou, de peur et un pressentiment bizarre… Mais malgré tout, je suis sorti de la clinique au bout de quelques jours comme si de rien n’était.

Vous savez, il y a quelques semaines, j’ai commencé à préparer un retour à la vie normale. Essayer de reprendre mes cours était le premier pas. Je voulais sortir de la vie de malade, malgré les chimiothérapies restantes. Je ne voulais plus vivre avec la maladie, mais je voulais qu’elle vive avec moi, je voulais être celui qui va mener la danse !

Mon pressentiment se confirmait, et j’ai réclamé des explications… Les bilans n’étaient pas très bons ! Le couperet est tombé pour la seconde fois. Le bourreau tenait à repasser… Un seul mot : récidive. Bon, allez ! Je vous offre le second : rechute.

J’ai eu du mal à avaler ma salive et une première larme a coulé … Je ne savais pas comment prendre ce diagnostic. J’étais au bout du rouleau. J’étais au fond du gouffre. J’étais anéanti et fatigué !

Pourquoi ? Est-ce que j’avais fait quelque chose de mal ? Comme si une fois ne suffisait pas, il en fallait une seconde. Le traitement n’était pas encore fini que la maladie refaisait déjà surface.

Merde, cette saloperie ne voulait pas me lâcher… Elle kiffait la vie avec moi. C’était ça ?

Bon, ok… Difficile à faire passer la pilule, mais quel était le traitement préconisé ?

Et là, ce mot résonne dans ma tête et me hante depuis : GREFFE. Greffe de quoi ? De moelle osseuse !

« Non, je ne veux pas. Je préfère mourir que d’endurer cette épreuve. Je n’attends plus rien de cette vie. A quoi bon faire la greffe ? Si je rechute une fois, je le ferai une seconde, une troisième, une quatrième… ». Ce sont bien les mots que j’ai sortis de ma bouche. Je ne voulais pas, j’ai refusé, j’ai abandonné, j’ai baissé les bras… J’ai été lâche !

Au fond, je savais parfaitement que je n’avais pas d’autres choix, mais j’avais un brin d’espoir. Mais bon, l’accepter m’a pris une dizaine de jours.

Et voilà que je repense au cours que j’ai eu sur les bancs de l’école concernant les processus d’acceptation du changement… Et j’avais eu un 20/20 en application de ces théories, ça c’est sûr !

Et en parlant d’école, ce retour à la normale… On l’oublie et au moins ça c’est fait !

Je suis passé par chacune des étapes de ce processus : du choc au marchandage en passant par le déni. J’ai été triste avant de l’accepter. J’ai fait de mon mieux pour écourter chaque étape, mais je devais en passer par là. Ça n’aurait pas été humain de l’accepter facilement.

L’essentiel est qu’aujourd’hui, je suis fin prêt à être d’accord avec ce nouveau traitement. (Je vous parlerai plus tard de celui-ci). Je n’ai pas un autre choix mis à part l’accepter. Et je vous l’ai dit : il vaut mieux être masochiste et accepter les moments de douleur et de galère, mais ce avec le sourire !

C’est une nouvelle vie qui va commencer ! On verra comment ça va se passer avec cette greffe.

Pour le moment et à l’instant où j’écris ces quelques mots, je suis hospitalisé depuis une semaine pour une chimiothérapie intensive accompagnée d’une douzaine de ponctions lombaires. Oui, douze … On aurait dit un forage pétrolier ! Je n’ai d’ailleurs pas manqué d’en faire part à mon médecin : « Docteur, je vous promets, je n’ai pas de pétrole dans le dos … J’avais même cherché quand j’étais petit… RIEN ! »

J’en ai encore pour quelques semaines à tirer… Et avec cette chaleur… Eh ! Pas de clim, pas le droit d’ouvrir la fenêtre par mesure de sécurité… Ce n’est pas évident, mais on va essayer de tenir le coup !

Rechute ou pas, greffe ou pas… Ce ne sont pas les bâtons dans les roues que me met la vie et encore moins mon apparence triste ou mes paroles pleines de désespoir qui me retireront ma rage de vivre ou de me battre ! Peut-être qu’en apparence, je donne l’impression de baisser les bras, mais au fond j’ai envie d’y arriver, d’en finir. Le chemin est encore long, très long… Et je suis curieux de découvrir ce qui s’y cache !

Je n’ai qu’une seule arme face à cette saloperie et vu qu’elle semble résister, j’espère qu’elle sera suffisante pour combattre encore et encore : un sourire que je lui offre chaque fois que je la croise ! »


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