OPINION DU WEB

Mon pays dépecé et trompé

noureddinePar Nourr Edine

Nous avions cru, le 20 février 2011, que le temps était arrivé pour que le pays, à genoux depuis l’indépendance, se relève et passe au niveau des nations souveraines.

Ils ont cru, ces jeunes avec leurs slogans contre la corruption, l’enrichissement illégal et le détournement, que le temps était arrivé pour eux d’être regardés comme le futur de ce pays.

Nous y avons tous cru et, tapis dans l’ombre, les islamistes du PJD sont sortis pour récupérer la colère et le ras-le-bol citoyen et en faire leur leitmotiv qu’ils ont résumé dans la lutte contre «Al Fassad», d’autant plus convaincants qu’ils semblaient sincères avec la main sur le Coran.


Le discours du 9 mars avec la nouvelle constitution semblait ouvrir une nouvelle ère.

Notre première surprise fut l’attitude moralisatrice des chefs de file islamistes. Nous crûmes que toute réforme dans un pays commence par la rééducation de son peuple. Hélas, au lieu de s’attaquer au mal dans ses racines, ils se contentèrent d’élaguer les branches mortes dans nos rues : des filles d’Inezgane à la vieille femme charlatan de Salé, en passant par les homosexuels de Fès et Béni Mellal, ils piétinaient, hésitaient et semblaient même oublier ce pour quoi le peuple leur avait fait confiance.

Le premier signe de leur servilité fut, sans aucun doute, la suppression de la caisse de compensation. Au lieu de taxer les entreprises, ils coupèrent les subventions destinées aux pauvres. Il fallait comprendre, à ce moment-là, qu’ils n’étaient que les marionnettes d’un pouvoir plus puissant que celui que légitime le peuple.

Au lieu de remettre les clefs et de partir, ils se mirent à se complaire dans les privilèges et l’argent. L’un se paya une villa aussi grande qu’un village, l’autre fut séduit par l’idée d’avoir deux femmes à lui tout seul. Leurs frasques et leur cupidité leur font oublier toute conscience quant au devoir qu’ils avaient pour le pays qu’ils ont juré de nettoyer.

Dame Justice se mit au goût de l’Arabie saoudite avec un chantre qui clame, à qui veut l’entendre qu’il nous concocte une justice digne de Dieu et de son prophète : point de relation sexuelle en dehors du mariage ; les dé-jeûneurs en public pendant le mois de ramadan seront lynchés. Les pauvres bougres buvaient leurs paroles et revotèrent pour eux aux élections communales. L’investissement public chuta, le chômage monta en flèche et la dette battit tous les records sans qu’aucune promesse ne fut tenue.

Quand ils s’attaquèrent à la caisse de retraite au bord de la banqueroute, certains croyaient en leur intention, même si des voix s’élevèrent pour demander des comptes aux gestionnaires.

Le coup qui réveilla les Marocains fut quand on apprit qu’il y a quelque part, dans les tiroirs du pouvoir, un dahir qui sert à corrompre les commis de l’état en leur accordant pour une bouchée de pain des lopins de terres domaniales. Une manière de les mouiller pour acheter leur soumission et éviter toute velléité de contestation dans le futur. Inutile de dresser la liste des bénéficiaires, car cela va des têtes connus pour leur servitude à celles qui fanfaronnent pour une société égalitaire. Tous les responsables sont maintenant accusés de trahir leur devoir citoyen jusqu’à l’actuel ministre de la justice qui, comme en février 2011, au lieu de sauter sur l’occasion et désigner les coupables, se terre et fait profil bas. Il paraît même que le chef du gouvernement n’ose pas en parler.

Aujourd’hui, nous sommes là, à contempler le spectacle d’un pays divisé en nantis du pouvoir et le reste. Nous savons maintenant que leur discours, aussi enflammé soit-il, n’est que leurre et mensonge. Ils ne font que temporiser en s’enrichissant à tous les budgets, à tous les contrats et à tous les programmes. Nous comprenons pourquoi ils s’endettent pour gagner la députation. Elle est la clé qui ouvre la porte aux robinets de la corruption. Ils ne nous représentent, ni de près ni de loin : ils se servent de nos voix pour arriver à hauteur des privilèges, des mandats indécents et des parachutes dorés pour leur fin de carrière.

Appelons un chat un chat. Cette manière de faire ne date pas d’aujourd’hui. La preuve s’il en est, les carrières incroyables : comme un vieux routier socialiste des premières heures qui squatte un siège au parlement depuis… l’aube des temps et va même jusqu’à vouloir la députation héréditaire ! Un autre qui s’est approprié toute la région d’Asilah ou zid ou zid !

La féodalité n’a point disparu chez nous, elle a seulement revêtu, comme une prostituée, un nouveau caftan avec un nouveau maquillage. Le Maroc est une vache à lait et chaque mamelle est devenue la propriété exclusive d’un commis de l’Etat.

Le 20 février 2011, nous avons raté le coche à cause de ces nouveaux parvenus islamistes. Jusqu’en 2011, nous nous doutions que nos responsables sont des voleurs invétérés. Après 2011, en plus d’être voleurs, ils sont hypocrites quand ils n’hésitent pas à se servir de l’image d’Allah pour refaire le même jeu. A cause d’eux, nous avons perdu à la fois cinq ans de l’histoire d’un nouveau Maroc et l’occasion de tout nettoyer et faire remettre au peuple tout l’argent spolié.

Ni Dieu ni son livre saint n’ont réussi à les convaincre que seuls le dévouement et l’abnégation sont à la base de toute réforme. Nous avons perdu cinq ans pendant lesquels l’école s’est enterrée dans des réformettes déguisées en programme budgétisé, l’hôpital est devenu l’apanage des riches et des nantis, c’est à dire eux ! Cinq ans de notre histoire à regarder les élus du peuple narguer leurs électeurs jusqu’au mépris. Cinq ans gaspillés à écouter leurs sornettes où chaque virgule est un verset du Coran.

Ils ont le pouvoir, ils ont la justice, ils ont la police et l’armée s’il le faut. Qu’attendent-ils pour appliquer la loi, demander des comptes et faire retourner l’argent du pays dans les caisses de l’Etat ?

Qu’attendent-ils ?

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