OPINION DU WEB

Quand une série burlesque cautionne le bakchich

 par Siham Mosaddak

Sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, il est évident que nos chaines crèvent les plafonds de la bêtise.
Après m’être épanchée sur les idioties ramadanesques dans un premier article, je ne peux m’empêcher de reprendre le sujet.
Aujourd’hui, je me permets de mettre le focus sur la série « ميستر سنسور ».

Outre le côté burlesque de bas étage, outre le rire de foule débile qui semble avoir été programmé sans avoir été ajusté au dialogue, outre la redondance du sujet à comparer aux années précédentes, cette série cautionne, voire institutionnalise, le pot de vin et la supercherie. L’engouement effréné du personnage principal pour l’argent en fait le credo de cette série.

Chaque épisode dure en moyenne 7 min, et dans chaque épisode vous aurez au minimum deux séquences de racket, de tromperie et de duperie. Des exemples ? Décortiquons l’épisode du 29 juin: Premier cliché, celui d’un client de l’hôtel qui demande au concierge de lui livrer une tanjia traditionnelle moyennant un billet. Que fait le concierge ? Il descend aux cuisines et prie le cuisinier de le dépanner avec n’importe quoi.


Le client consomme donc de la nourriture malpropre et se fait évacuer en urgence vers l’hôpital. Deuxième cliché, le concierge qui se confie à la réceptionniste, devant une cliente, d’avoir faim et de n’avoir pas encore pris son petit déjeuner. La cliente affectée lui tend un billet de 100 dh.
Le concierge fait un calcul rapide de ce qu’il va acheter (au total 20 à 30 dhs tout au plus) et s’envole avec le billet sous le regard désabusé de la cliente. Si je reprends en détail ces deux séquences, c’est pour illustrer mes propos précédents par rapport aux termes de racket et tricherie d’une part, mais aussi pour remettre en question le statut de toute une profession, qui plus est touristique, d’autre part.

Je ne condamne pas la pratique du pourboire. Bien au contraire je confirme qu’il s’agit d’une pratique courante de part le monde que de donner un pourboire aux porteurs de bagages. Ce qui me répugne vraiment, c’est le côté malsain, malintentionné, fourbe, menteur et voleur du personnage ; le côté incompétent et dépassé du directeur ; le côté idiot des réceptionnistes. Comment peut-on se permettre de ridiculiser à ce point les services de nos hôteliers et du tourisme en général ? Quand bien même ce secteur souffrirait de quelques dysfonctionnements, cette sitcom aurait pu en soulever les problématiques en proposant une morale, une règle de conduite. Quelle image négative va-t-elle ancrer à l’esprit des consommateurs marocains ?

Quel est le but d’un programme télévisé si ce n’est de véhiculer des valeurs morales ? Je me suis demandée alors quelle était la mission réelle de la HACA et une simple recherche sur son site m’informe qu’ « Il s’agit d’une institution particulière qui présente toutes les garanties d’impartialité, de neutralité et d’autorité morale, technique et juridique pour réguler le secteur de la communication audiovisuelle, public et privé. » De deux choses l’une, soit cette institution n’assure pas son rôle de veille et de contrôle, soit je n’ai rien compris à l’essence même de son existence.

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