Monde

Le business de la « mode islamique »

De plus en plus de designers du monde entier cèdent à la tentation de la « mode islamique ». Elle rapporte beaucoup d’argent, mais fait l’objet de nombreuses polémiques. 

Il y a quelques mois en France, la ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol, a suscité une polémique en comparant les femmes choisissant de porter le voile aux «nègres américains qui étaient pour l’esclavage». Levons le voile sur ce business juteux à travers une enquête de Femmes du Maroc.

Alors que dans le monde anglo-saxon, la « mode islamique » passe comme une lettre à la poste, nous ne pouvons pas en dire autant du marché français. Les Français n’acceptent pas la propagation de cette mode qui, soyons honnêtes, ne changera rien à leur vie. Des marques mondialement connues se sont mises aux collections islam-friendly. On peut citer Dolce & Gabbana ou encore Zara. Pour un bon nombre d’entre eux, ces marques commettent une trahison.

Pourquoi quelques centimètres de tissus dérangent ? Pourquoi des féministes et des intellectuelles françaises demandent le boycott des marques qui suivent la tendance de la modeislamique ?

Interrogée par le magazine Femmes du Maroc, Reina Lewis, professeure d’études culturelles et auteure du livre « Muslim Fashion », apporte quelques éléments de réponse. Tout d’abord il est naturel de souligner que la mode musulmane a toujours existé.

Depuis une dizaine d’années, les marques répondaient à une demande accrue. L’absence de choix dans les boutiques mainstream a poussé les designers à développer un marché parallèle. C’était une victoire sur ceux qui pensaient que religion et mode étaient incompatibles. Mais après le 11 septembre et l’islamophobie qui s’est installée, l’offre en la matière a baissé. L’islam a été pointé du doigt et une méfiance s’est installée. La mode musulmane avait plus de mal à être acceptée. Les robes longues ne passaient plus très bien. Ce ne fut que momentané.

Reina Lewis ajoute que depuis quelques années, les marques ont compris les bénéfices à réaliser par le biais de ce marché. La demande de la part des consommateurs musulmans s’est accrue. Le Moyen-Orient, notamment, est un gros client qu’on ne peut négliger. C’est du capitalisme pur et simple. En France, c’est différent. Le pays est attaché à sa tradition laïque. Le caractère privé de la religion est une composante importante de la société française. Là où se trompent les Français, c’est de croire que le but de la mode est de libérer la femme. En effet, ils n’arrivent pas à comprendre que le voile est un choix. La mode est faite pour tous. Chacun est libre de se couvrir ou de se découvrir.

Reina Lewis explique qu’il faut aller au-delà des stéréotypes. Ce n’est pas parce qu’une femme est découverte qu’elle est plus libre qu’une femme couverte. Les médias sont en partie responsable de ce qui se passe. C’est eux qui aident à véhiculer ces stéréotypes. Il ne faut pas s’arrêter à un raisonnement réducteur. Il ne doit pas y avoir de dictature de la mode.

Hinda Sellak, responsable de la marque Mango en Afrique, s’exprime à ce sujet. Elle est étonnée de voir un tel acharnement sur ce sujet. Mango a mis en place une collection à destination du Moyen-Orient. La marque doit s’adapter aux coutumes locales et proposer des vêtements qui répondent à la demande. Selon Femmes du Maroc, Mango présente également une collection spéciale ramadan qui connaît un succès fulgurant.

La mode islamique semble être une simple réponse à une demande commerciale. Il ne faut donc pas y voir un quelconque endoctrinement.

Khadija El Jerrari


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