Maroc

Crime écologique: Le béton envahit la belle plage de Saidia

C’est un sort bien étrange que connaît le magnifique littoral de Saïdia, la perle de l’Oriental, près de la ville d’Oujda. Connue pour ses belles plages de sable doré, attraction phare du tourisme de la région, ce sont des constructions en béton, à but commercial, qui aujourd’hui ont fleuri sur ce littoral, provoquant une catastrophe écologique et environnementale sans précédent.

Et pourtant, une loi existe. La Loi Littoral 81-12 interdit toute construction en dur sur les plages et les dunes bordières maritimes. Malgré cette interdiction, des constructions poussent actuellement sur le sable de la plage de Saïdia.

Un sit-in a été organisé le samedi 7 janvier 2017 sur les lieux  pour attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur le comportement scandaleux des décideurs qui octroient des autorisations « non réglementaires et illégales » selon nos sources.

L’autorisation du sit-in a été finalement refusée par les autorités locales, mais cela n’a pas empêché les jeunes de la région de se rassembler sur la plage et de dénoncer l’atteinte à leur droit le plus essentiel, celui de profiter de ce lieu public, propriété de toute la population, en toute liberté. Le Site Info a voulu en savoir plus sur les dessous de cette histoire, malheureusement loin d’être unique en son genre et qui touche plusieurs belles destinations de notre littoral.

C’est ainsi qu’un membre associatif actif de la région nous a expliqué que ce problème a débuté il y a bien longtemps. « La direction provinciale du ministère de l’équipement, du transport et de la logistique de Berkane, chargée du domaine maritime, signe des autorisations de construire pour des cafés et des restaurants sur la plage, sans aucune considération de la loi, de l’environnement ni de la beauté des lieux. Il n’y a plus de vue, le boulevard Mohammed V en front de mer est complètement saccagé. La beauté qui attire les visiteurs est en train de disparaître, au profit de plateformes en dur et des façades en ciment ».

Les raisons de la colère de la population locale sont multiples et diverses, a-t-il ajouté. « Il y a à ce jour 17 cafés et restaurants implantés directement sur le sable. Chacun d’eux a une superficie de 1200 m² construits et 3000 m² en terrasse pour les paillotes. Le reste de la plage est occupé par les jeunes qui louent des places avec parasols. Un particulier qui veut s’installer sur la plage, seul ou en famille, ne peut plus le faire gratuitement. Il doit soit payer 20 dirhams aux jeunes pour un parasol, soit 200 aux cafés pour une paillote ! De plus, le littoral étant sous la gestion du ministère de l’équipement, la commune n’a aucun droit de regard sur ce qui se passe, ni un bénéfice en impôts ou taxes locales. En revanche, la commune a la charge de nettoyer le sable,  de fournir l’éclairage public, les poubelles, les maîtres-nageurs, les toilettes publiques… et tous les services d’entretien de la plage, sans aucune contrepartie pécuniaire. Ce nombre croissant de cafés provoque également des problèmes de stationnement sur le boulevard, puisque chaque café a une trentaine de places sans parking étudié. C’est également une catastrophe écologique étant donné que ces lieux ne sont pas reliés à l’assainissement public. Ils ont chacun un puits perdu, ce qui veut dire que tous les déchets sont rejetés directement dans la mer. Sans parler des grandes quantités de déchets qu’ils produisent ».

Concernant la dernière autorisation attribuée et qui provoque une nouvelle fois la colère de tous les amoureux de la région, il s’agit, selon l’interlocuteur du Site Info, « d’une affaire douteuse, dans laquelle ni la loi ni l’éthique ne sont respectées : un projet de café-restaurant situé sur un « emplacement extraordinaire », à côté de la résidence du gouverneur et face à une jolie file de maisons coloniales, construites dans les années 30 et qui font également le charme du coin. L’autorisation a été accordée à un investisseur qui n’en est pas à son premier projet sur la plage ».

Les conditions dans lesquelles le ministère de l’équipement donne ces autorisations sont obscures. Ce sont toutes les associations de jeunes, de protection de l’environnement, de protection du littoral marocain, et même la commune, qui se lèvent contre ces dépassements.

Mohamed Benata, président de l’association de solidarité et de coopération de l’Oriental, à l’origine du sit-in et du mouvement de protestation dénonce: « Pourquoi une telle construction a-t-elle été autorisée ? Pourquoi interdire un sit-in pacifique alors que la loi et même la Constitution l’autorisent ? Il est évident que les responsables de ce désastre ne veulent pas que l’affaire prenne de l’ampleur et soit suivie par la presse et l’opinion publique ».

« Nous allons donc écrire au Cabinet royal et lancer une pétition sur le net pour dénoncer ce crime », a conclu M. Benata, promettant de faire tout ce qui est possible pour que les familles et mêmes les touristes puissent continuer à profiter de la beauté de la région.

Fédoua Ennajy


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