Chroniques

Société: ces charognards, charlatans et « chamkara » qui profanent nos cimetières

par Larbi Alaoui

Tout un chacun, ou presque, s’est rendu et se rendra encore, hélas, à l’un de nos cimetières un jour ou l’autre! Pour assister aux obsèques d’un parent, d’un proche, d’un ami ou d’une connaissance. Et de préférence le vendredi, pour se recueillir sur la tombe d’un(e) défunt(e).

Dans les deux tristes cas, surtout le premier, le visiteur est confronté à un lamentable et scandaleux spectacle de désolation, de harcèlement et de prosélytisme déplacé. C’es trois endémies qui profanent nos cimetières, les trois C sont: charognards, charlatans et « chamkara ». Et ces profanateurs divers sévissent impunément, sans respect aucun pour le défunt et pour l’assistance venue lui rendre un dernier hommage. Au contraire, ils profitent de « l’aubaine », le décès d’une personne, pour arnaquer ou raconter leurs sornettes, chacun selon sa « spécialisation ».

Commençons par les fossoyeurs! Certes, il est incontestable que ces gens méritent tout notre respect pour le dur et nécessaire labeur qu’ils accomplissent. Certes, personne n’osera nier que ce métier de creuser les tombes et d’ y introduire les  dépouilles des défunts est dévalorisé et mal rétribué. Signalons au passage, qu’ailleurs, le fossoyeur entretient aussi les tombes, les restaure  et, « taille la pelouse et les arbustes, s’occupe des plantes des fleurs. Il déblaie les voies d’accès et les allées du cimetière ». Que nous sommes loin de tout cela!


Nos fossoyeurs à nous, après avoir accompli leur tâche, se transforment en harceleurs exigeant de l’argent à l’assistance, interpellent aussi les gens qui avaient déjà donné une « baraka l’ drari », alors que les parents et les proches des défunts ont déjà contribué généreusement à récompenser leur noble et harassant travail, toute peine méritant salaire. Ils sont imités en cela par les hordes de fqihs qui, après avoir (mal) psalmodié des versets du Saint Coran, ne se contentent pas des offrandes reçues et, pour finir, se donnent en spectacle lors du partage « équitable » de la somme amassée, se terminant parfois par un pugilat.

Ces charognards sont suppléés dans leur mortuaire besogne par des kyrielles de mendiants, aussi bien marocains que subsahariens, partout omniprésents à l’entrée comme à l’intérieur du cimetière. Hommes, femmes, enfants, handicapés, tendent la main, supplient, gesticulent, vocifèrent pour vous arracher quelques sous que vous pouvez leur donner, par charité, ou les leur refuser en risquant d’entendre des vertes et des pas mûres, « indignés » qu’ils sont par votre avarice et votre sans-coeur(!).
Venons-en maintenant aux charlatans qui prétendent prêcher la bonne parole d’Allah! Ces énergumènes interviennent de façon intempestive devant la tombe fraîchement creusée pour promettre les feux de la Géhenne à ceux qui dévient de la voie divine. Et vas-y pour « Aadab al-qabr » (Souffrances et tortures du tombeau) et autres insanités propres à ce genre de prosélytisme éculé et outrancier.

Vendredi 21 juillet, aux obsèques de Feu Abdekébir Chedati, nous avons assisté à la tirade pseudo-religieuse enflammée et aux gesticulations d’un individu à qui personne n’avait demandé son avis d’obscurantiste illuminé. Ce sermon a fini court grâce à l’intervention courageuse d’un jeune homme. « Stop! Arrête ton charabia! Respecte la mémoire du défunt! Psalmodie des versets du Coran et prie avec nous pour que les morts reposent en paix! Sinon, déguerpis! », a-t-il dit au prêcheur à l’intrusion intempestive.

Plus tard, Rachid Kanjaa, originaire de Larache, résidant et travaillant à Rabat, nous a fait le récit d’une intrusion encore plus bête et hautement irréfléchie, scandaleuse et d’une méchante inouïe. C’était à Larache, lors des obsèques d’un jeune ayant été fauché par un chauffard à Sidi Bouknadel, préfecture de Salé. Le prosélyte improvisé a osé clamer que le défunt ira en enfer pour expier ses péchés, ayant été  connu dans sa ville natale comme consommateur de boissons alcoolisées, illicites par notre religion. Mal lui en avait pris! Illico presto, il a été sommé de partir, pris par le cou par un ami du défunt outré et conduit jusqu’à la sortie du cimetière.

D’autre part, nous remarquons de plus en plus la présence de « chamkara » et de SDF se saoulant la gueule d’eau de vie entre les tombes. Pire, sans pudeur aucune, ni la moindre crainte, sans respect pour nos défunts, des couples hétéros ou homos, saouls et/drogués, se permettent des ébats sous un arbuste, profitant des lieux quand ceux-ci sont plus ou moins déserts.

Une dernière chose à propos de nos cimetières. Il est fortement déconseillé d’aller se recueillir pieusement sur les tombes de nos défunts les autres jours, à part les vendredis, sous peine d’être harcelés, molestés, voire agressés par des voyous sans foi ni loi.

Et même si « comparaison n’est pas raison », finissons par évoquer le cas des cimetières des non musulmans, juifs et chrétiens, aussi bien chez nous qu’à l’étranger. Parmi les nombreux témoignages recueillis par Le Site info, nous  n’en citerons qu’un seul, celui du même Rachid Kanjaa. « Au cimetière chrétien de ma ville natale, où repose Jean Genet (ndlr, de son vrai nom Frédéric Blanc, poète et auteur dramatique français, ami de Mohamed Choukri), le gardien est un Marocain  qui touche… 13 000 DH par mois. On lui a fait construire une belle maison à l’entrée et il est toujours là à exercer son travail, vêtu d’un bel uniforme élégant et propre, dans un lieu serein et paisible dont il entretient avec amour les allées,  les tombes et autres caveaux, ainsi que les arbres  ombragés, les plantes et les fleurs… »Quant au cimetière musulman de Londres, il est gardé et entretenu par des Anglais et respire aussi sérénité, « pax », sécurité, et recueillement dû aux défunts », ajoute Rachid dont une parente d’origine marocaine y repose, alors que des membres voulaient rapatrier sa dépouille au Maroc.

Ces trois C, charognards, charlatans, « chamkara », et leurs acolytes SDF, amateurs d’eau de vie et forniqueurs, continueront-ils jusqu’à quand à profaner nos cimetières de la sorte? En attendant Godot, certains compatriotes, d’ici et d’ailleurs, pensent sérieusement, si nos  lois et nos éminents oulémas l »autorisent, à se  faire incinérer.

A propos d’incinération, le même Rachid Kanjaa, que lesiteinfo remercie vivement pour nous avoir accordé son aimable attention concernant cette épineuse probléatique funèbre, nous a raconté cette histoire. Celle de ce MRE; des Pays Bas qui, dans son testament, désirait comme dernières volontés à être incinéré. Après son décès; sa dépouille mortelle a été rapatriée à Al Hoceima, l’année dernière, bien avant le Hirak du Rif. Et là, toute la ville a connu des émois considérables entre les pour et les contre. Crémation ou pas? Prière de l’absent ou « niet »en tarifit ou en arabe?Finalement, après consultations et palabres de nos fqihs, imams et autres éminents théologiens; le défunt a eu droit à des funérailles « normales », selon les rites, us et coutumes marocains malékites…

D’autres compatriotes, aussi bien dans nos murs qu’à l’étranger, ont déjà pris la décision de donner leur corps à la médecine après leur décès, ou pensent le faire, ainsi que la loi le permet, leur credo humaniste et solidaire étant que « la mort peut donner la vie ». Ceci, même si notre société, dans sa majorité, est récalcitrante sur ce don d’organes que l’islam permet pourtant. Les potentiels donneurs, en sus de leur générosité posthume, ont une autre raison plus « égoïste »: éviter aux membres de leur famille, aux proches et aux amis, le calvaire décrit plus haut, le jour où Allah, le Tout-Puissant, Dieu unique des trois religions monothéistes, décidera de les rappeler auprès de Lui, quand leur dernière heure sonnera.

Sur ce, shalom, salut, salamou 3alikoum!

 

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