Chroniques

L’éducation, ce problème que personne ne peut résoudre au Maroc (VIDÉO)

noureddinepar Nourr Edine

Invité de « Confidences de presse » de Abdellah Tourabi sur 2M, le président du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) a été on ne peut plus clair. La vision est là, bien ficelée et profondément réfléchie tant pour le fond et les objectifs que pour l’agenda de son application. Sur ce dernier point, il est urgent d’entamer le démarrage de la réforme dans le délai le plus bref et toute hésitation ou retard sacrifie des générations.
L’exposé de M. Omar Azziman a porté sur la réforme de la vision de l’école publique (et privée) marocaine telle qu’elle doit être pour assurer deux principes essentiels : la gratuité de l’enseignement et l’égalité des chances pour tous les enfants marocains. La vision stratégique qui en découle met en avant le principal obstacle à l’application des réformes et explique, en partie, l’échec des précédentes, à savoir le financement de l’école !
En partant du fait qu’aucune raison économique ne peut justifier la non scolarisation ou l’abandon de la scolarité, il est donc impératif, crucial et juste que l’accès à l’enseignement soit égal pour tous. Le droit à l’instruction de la maternelle au plus haut niveau universitaire possible doit être assuré pour tous. L’école doit rester ouverte à tous !
Le CSEFRS a donc travaillé d’une part, tant sur les problèmes qui se posent à l’école que sur les objectifs à atteindre pour que le citoyen de demain soit capable d’être suffisamment formé pour poursuivre les études auxquelles il se sent pressenti. Dans cette vision, les langues deviennent des outils pour cesser d’être des symboles identitaires. Elles seront introduites au fur et à mesure de l’épanouissement de l’élève, tant pour préserver son identité arabo-berbère que pour le préparer à entrer dans le monde du travail. D’autre part, le CSEFRS a travaillé, et c’est le point d’achoppement le plus crucial, sur le financement de la réforme ou des réformes, car cela va de l’infrastructure, non pas minimale mais indispensable à la formation du personnel enseignant et administratif. La gratuité explique le principe d’égalité des chances : l’école doit rester accessible à tous !
Bien que ce dernier point ne fasse pas partie des prérogatives du Conseil mais plutôt de celles des gouvernements, le CSEFRS en a esquissé des voies de réflexion. Il s’agit du financement participatif et de la régionalisation « avancée » qui doit s’installer impérativement et constitutionnellement. Le problème, colossal à l’échelle nationale, se trouve divisé à l’échelle locale.
En partant du principe que l’école n’est ni la poste ni l’usine de carton, elle concerne les citoyens d’une commune, d’une ville, d’une région, dans leur totalité. Il est donc logique que toutes les composantes d’une communauté mettent la main à la poche pour que l’école puisse, d’une part être de qualité et d’autre part accueillir tous les enfants de cette communauté !
La décentralisation va pourvoir la région en moyens financiers et en indépendance stratégique tels que chaque région pourra s’inventer l’école (de la maternelle à l’université) qui convient à ses spécificités et à ses besoins. Cette approche nécessite une prise de conscience générale de l’importance de la participation active de chaque citoyen et cela va du chef de la commune au menuisier qui fabriquera une table ou une fenêtre pour « son école » !
Nous passons de l’école des fonctionnaires à l’école des parents en y introduisant cet intéressement du citoyen, quel qu’il soit, au sort de l’élève. L’élève tremblera de froid non pas parce que l’état est absent ou incompétent mais parce les parents n’ont rien apporté pour lui assurer chaleur et cadre de travail.
En partant des normes internationales (UNICEF), chaque commune s’exigera une école à partir du nombre d’enfants qu’elle compte, de manière à assurer un encadrement efficace et un cadre optimal. La construction et l’équipement resteront du ressort de la commune, de la ville ou de la région. Le recrutement, la formation et les salaires du ressort de l’état. Pour les communes pauvres ou n’ayant pas de ressources, le financement se fera sur le principe de solidarité tant locale (taxes, souscriptions, mécénat etc.) que régionale ou, pourquoi pas, nationale ! Comme la campagne « Tous contre la misère », l’école devient, de ce fait, un besoin vital, une nécessité absolue !

Omar Azziman, le président du CSEFRS, ne rêve pas d’une école utopique et irréalisable. Il en trace le contour et propose des voies. Il ne met en question ni le droit à l’éducation ni la gratuité de l’enseignement. La balle est dans le camp du gouvernement. Saura-t-il comprendre que le destin du pays dépend de la bonne santé de l’école ? Comprendra-t-il, enfin, qu’il ne s’agit pas de s’incliner devant le FMI et la Banque mondiale pour mériter leur bénédiction mais qu’il devra s’investir, corps et âme pour mener à bien cette mission ? Aura-t-il les hommes et les compétences pour d’une part saisir la portée d’une telle réforme et d’autre part en concevoir la manière et la forme pour la financer ?
Sur ce dossier, il n’existe nulle autre alternative que de mobiliser des hommes et des femmes qui n’auront de cesse d’inventer, de susciter et de promouvoir cette nouvelle manière de concevoir l’école.
Si le financement fait peur, le courage sera de savoir aller chercher les ressources là où elles se trouvent. Une taxe pour l’école, une souscription pour l’école, des rabais pour l’école, des galas pour l’école, des prélèvements sur les hauts salaires… Les bonnes volontés existent, il suffira au gouvernement de savoir les trouver, les motiver et, pourquoi pas, les obliger à agir.

Cela dit, faut-il rappeler à tous ces gens des ministères que d’abord ils sont des citoyens marocains, qu’ils ont aussi des enfants et que surtout le droit à l’éducation est un droit constitutionnel. Pour être davantage clair : ils ont obligation de tout faire pour assurer ce droit à tous les enfants marocains.


Pendant ce temps… Les enfants attendent. Les uns, entassés les uns sur les autres dans ce qui ressemble à des classes. Les autres, derrière l’enceinte de l’école. Les plus grands se roulent des pétards ou respirent la colle forte dans des sacs en plastique. Le directeur prend son thé avec le président des parents d’élèves. Ils marchandent et négocient le budget des lampes contre un stock de craie ou des lots de brosses. Nous sommes à des années-lumière des solutions, à des éternités de la vision telle qu’elle figure dans la charte universelle des droits de l’homme ou dans le texte de la constitution qui s’en inspire. Aujourd’hui, on ne réfléchit pas, on échafaude des plans d’urgence. L’enseignement, à cause des retards accumulés, des ingérences partisanes et idéologiques, des visions étroites des plans de carrière et des cupidités insatiables, n’est pas une entreprise rentable qui génère des bénéfices. Les budgets rachitiques ne suffisent pas aux nécessités les plus basiques. Ils suscitent le désintérêt et la nonchalance. Ils doivent interdire les détournements. Le risque devient grand !

Pourquoi ne veut-on pas commencer par le commencement ?

La base même de ce droit à l’éducation est écrite, noir sur blanc, dans la constitution :
– dans son préambule.
Il y a, en plus de la notion de l’état de droit :
— le principe, combien oublié et escamoté, de l’égalité des chances ;
— le respect de la justice sociale ;
— la souscription du Maroc aux principes, droits et obligations énoncés dans les chartes et conventions des organisations internationales ;
— la protection et la promotion des dispositifs des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
– dans l’article 6 :
— les pouvoirs publics œuvrent à la création des conditions permettant de généraliser l’effectivité de la liberté et de l’égalité des citoyennes et citoyens…
– Dans l’article 19 :
— l’homme et la femme jouissent à égalité des droits et libertés, à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental.
Et le plus important réside dans l’article 31 :
L’état, les établissements publics et les collectivités territoriales œuvrent à la mobilisation de « tous » les moyens disponibles pour faciliter l’égal accès des citoyennes et des citoyens aux conditions leur permettant de jouir du droit :
— à une éducation moderne, accessible et de qualité ;
— à la formation professionnelle et à l’éducation physique et artistique ;
– Dans l’article 32 :
L’enseignement fondamental est un droit de l’enfant et une obligation de la famille et de l’Etat !

Cela étant dit, l’article 32 commande à tout gouvernement d’assurer l’obligation de l’enseignement fondamental à tous les enfants marocains. Selon les déterminations internationales, l’enseignement fondamental comprend l’enseignement maternel et l’enseignement primaire. Ce qui veut dire que l’Etat assure et oblige l’enfant à aller à l’école, au moins jusqu’au primaire, ce qui signifie l’éradication de l’analphabétisme !
C’est le premier devoir de l’Etat et de ses institutions auquel tout gouvernement doit œuvrer, d’abord et avant tout, dans une première étape !
Les recommandations de l’UNICEF, qui classe notre système éducatif parmi les derniers de la planète, tablent sur un enseignement obligatoire dès l’âge de 6 ans et allant jusqu’à 16 ans. Dans son immense chantier de l’éducation en France, la ministre Najat Vallaud-Belkacem, d’origine marocaine, tente de prolonger cette obligation à 18 ans pour obliger ainsi l’Etat à trouver des solutions pour préparer le citoyen au marché du travail.
Le droit et rien que le droit, c’est ce que le gouvernement a obligation de respecter et s’il n’en a ni le pouvoir ni encore moins la volonté et le courage, qu’il démissionne ! L’école est une priorité, elle est la priorité des priorité, car elle est un investissement pour le futur du pays.

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