Chroniques

Les langues oui! Mais a-t-on pensé aux formateurs?

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par Mustapha Bencheikh, Directeur du Pôle langues, cultures et civilisations à l’Université Internationale de Rabat

Le dernier Conseil des ministres a remis l’enseignement des langues au service de l’éducation. Il semble, en effet, que le constat d’un échec, au moins partiel, de notre arabisation menée tambours battants pendant plusieurs décennies soit désormais prononcé.

Bien entendu, il serait mal venu de poser quelques questions et encore moins de déterminer les causes profondes de cet échec. Non content d’avoir du mal avec une seule langue, on veut aller à la conquête de trois langues et la frilosité des années passées n’a d’égale que la témérité d’aujourd’hui. Sur les ruines de réformes précipitées et conçues en dehors de toute forme de critique et d’autocritique on veut construire une citadelle pour abriter une nouvelle ignorance. Il suffit de claquer des doigts et nous aurons et des enseignants de qualité pour les langues et toutes les conditions nécessaires à ce nouveau défi. Chez nous l’échec développe toujours un optimisme béat quant à la réussite de la nouvelle offre surtout conduite par les mêmes hommes et les mêmes femmes. Il suffit de poser sur le papier un vœu pour que l’on soit assuré qu’il sera exaucé.


Il n’y a pas de bon remède sans un bon diagnostic. Serait-il illégitime de penser que les apprentissages que propose notre école ne tiennent pas la route? Nos maîtres sont-ils des enseignants sans reproche? Ont-ils les compétences requises pour leur métier? Les moyens nécessaires sont-ils mis à leur disposition? Leurs conditions de travail sont-elles acceptables? Les cours sont-ils vraiment assurés? Autant de questions qu’on ne veut pas se poser de crainte de réveiller de vieux démons. Si notre école est jugée défaillante, peut être faudrait-il se demander si nos maîtres formés à cette école n’en portent pas des traces indélébiles?

Est-ce une raison pour se croiser les bras et attendre ? Bien entendu il faut agir, mais il faut agir au bon endroit et surtout, le cap choisi, persévérer dans le travail. Remettre à flot une cohorte de jeunes en déficit linguistique n’est pas une mince affaire. Il faut commencer par les enseignants. Leur permettre de progresser dans leur métier au lieu de régresser et de s’installer dans le défaitisme. Pour ce faire, la formation tout au long de la vie doit être un impératif. S’agissant des langues, il faut arriver à doter nos maîtres des outils de travail indispensables à leur action et les aider à éviter les erreurs graves. Quel est aujourd’hui le potentiel linguistique de nos maîtres lorsqu’il s’agit de l’enseignement du français? Disposons-nous d’études qui couvrent cet aspect de la question? Nos maîtres ne sont-il pas trop souvent encore dans l’approximation linguistique et ce handicap n’est-il pas à lui à seul déjà un facteur d’échec dans la fonction d’instituteur?

 

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