Chroniques

Les Marocains sont-ils homophobes?

Jalil Bennanipar Jalil Bennani, psychiatre, psychanalyste

L’actualité rapporte régulièrement des cas d’agressions d’homosexuels pour leur pratique jugée déviante et contraire à la morale. Tout dernièrement, un couple a été agressé à son domicile par une bande qui a filmé et diffusé la scène sur les réseaux sociaux.

On sait que l’homophobie existe même dans les sociétés où les homosexuels sont acceptés et reconnus par un statut légal, mais dans notre pays la pénalisation par la loi leur interdit l’espace public et ne leur laisse que l’espace privé. Or ce dernier vient d’être violé. Faut-il rappeler que l’espace intime appartient à chacun et qu’il est censé être protégé par la loi?

Longtemps considérée comme une perversion par les professionnels de la santé dans les nomenclatures internationales, l’homosexualité est reconnue aujourd’hui comme une forme de sexualité. Il faut souligner que l’identité sexuelle des individus n’est pas définie uniquement par leur sexe biologique. C’est le désir qui détermine cette identité, c’est-à-dire tout ce qui relève de l’imaginaire, du langage, du développement psychique, des conditions éducatives, culturelles et sociales.


L’orientation vers le partenaire de sexe opposé, homme ou femme, est la dominante de nos sociétés, mais dans toutes les sociétés et toutes les cultures, existe l’orientation d’un homme pour un homme, d’une femme pour une femme, ou bien encore des orientations bisexuelles. À un moment du développement de la personnalité, la question de la bisexualité se pose pour l’enfant et c’est lors du passage à l’âge adulte que l’orientation dominante s’impose.

Inconsciemment, demeure toujours l’autre part en nous, cet autre caché et qui agit à notre insu. L’hyper-virilité affichée par certains n’est donc qu’une forme de refoulement de la bisexualité psychique inconsciente en chacun.

D’ailleurs, les notions de virilité et de féminité ont beaucoup changé dans notre société. Elles sont le reflet des mutations sociales, économiques et politiques. Le rejet interpelle une problématique essentielle: la peur de l’autre, l’autre différent, l’autre qu’on ne connaît pas. Le sexisme peut conduire alors aux discriminations, aux exclusions et au racisme entraînant haine, injures et violences.

Les réponses des autorités à ces agressions sont essentielles pour l’avenir d’une société qui se veut ouverte sur le monde, une société qui évolue, une société qui respecte tous les individus quelle que soit leur appartenance et leur orientation sexuelle, une société qui vise à «combattre toute discrimination à l’encontre de quiconque en raison du sexe, de la couleur, des croyances, de la culture, de l’origine sociale ou régionale», comme le stipule clairement le préambule de notre constitution.

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