Politique

Séisme politique au Maroc: ce qu’en pense l’opposition

par Mohamed Assaouar et Larbi Alaoui 

Les secousses telluriques de grande magnitude du séisme se suivent et se ressemblent… presque. Les retards et autres dysfonctionnements qu’a connus le grand projet « Al Hoceima, phare de la Méditerranée », et qui ont eu, peu ou prou, pour « dommages collatéraux, les évènements du Rif, ont été pointés du doigt par la Cour des comptes et ont provoqué le limogeage de quatre ministres.

Depuis, d’autres hauts responsables, dont des walis , gouverneurs, sécuritaires et autres agents d’autorité, ont été remerciés, sur instructions royales et au vu  de rapports de « la mère des ministères », sous la férule de Abdelouafi Laftit. De même que les nombreuses plaintes et doléances,  de citoyens et d’institutions, qui n’ont cessé de pleuvoir sur différents services du ministère de l’Intérieur, ont grandement contribué à faire le ménage et a nettoyer cette écurie d’Augias « made in Morocco » que d’aucuns, par abus de pouvoir, ont éhontément salie et polluée.

Et la messe n’est pas encore dite car des sources concordantes  révèlent que d’autres têtes, et pas des moindres, vont encore tomber dans les prochains jours. Ainsi, d’autres hauts responsables, des présidents de Régions, des présidents de Conseils municipaux, de Communes urbaines rurales sont l’oeil du cyclone et risquent bientôt de laisser toutes leurs plumes .

Dans ce sillage, Le Site info a tenu à entendre un autre son de cloche sur ce séisme royal et ses conséquences sur l’assainissement espéré du paysage politique national. Ledit son est celui de ce qu’on peut appeler « l’opposition », c’est-à-dire des forces politiques « tolérés » par l’Etat et des associations des droits de l’Homme.

En ce concerne Al Adl wal ihsane (Justice et bienfaisance), l’un de ses dirigeants, Hassan Benajjah, pense que c’est un aveu de la situation de déliquescence (fassad) que vit le pays. Demi-aveu même car, « il ne révèle que la moitié de la vérité », dit-il en s’interrogeant sur les véritables causes et les limites de cette situation. Et d’ajouter que les réponses à ces questions permettront de mettre toute la vérité à nu parce que, selon lui, les responsables limogés ne sont que des « boucs émissaires qui ont payé à la place d’autres et ce, dans la tentative d’atténuer les effets la catastrophe et de mettre un frein à la colère (…) ».

Quant à Ahmed El Haij, président de l’Association marocaine des droits humains, il pense que les directives du roi Mohammed VI découlent du principe démocratique de « la reddition des comptes pour tous ceux qui assument une responsabilité publique ». Toutefois, il martèle que ce principe devrait constituer la règle générale, et non une exception pour pallier une situation momentanée. Et d’ajouter que de hauts responsables, qui ont failli à leurs missions, échappent au couperet de ladite reddition et que l’Exécutif et le Parlement ne font pas leurs devoirs et attendent que le Souverain  prenne des sanctions à l’encontre d’untel ou d’untel.

Enfin, Ahmed Assid, écrivain, intellectuel et politique marocain amazigh, récuse l’expression « séisme politique » à propos du limogeage de ministres et de hauts commis de l’Etat. Selon lui, il ne s’agit  plutôt que de sanctions royales à l’encontre de ministres ou de sécuritaires « pour une raison ou pour une autre ». Un  véritable « séisme » serait, pour Assid, la sanction globale corrigeant tous les dysfonctionnements existants et mis à l’index. « Nous nous devons de ne pas confondre le limogeage de certains ministres, qui n’ont pas eu de responsabilités directes concernant le dossier d’Al Hoceima, et celui des sécuritaires sanctionnés. Ceci, a-t-il déclaré à Le Site info, car ce qui s’est produit à Al Hoceima  ressemble à ce qui se passe dans d’autres régions sans que des sanctions aient été appliquées.

Toutefois, notre interlocuteur pense que les sanctions déjà appliqués constituent un point positif mais qu’il faudrait également sévir à l’encontre de personnes mises en cause dans de grands dossiers de laxisme et autres faillites. Et de conclure que l’Etat fait la sourde oreille pour ne pas impliquer d’autres hauts personnalités car « un responsable risquerait d’être le bouc émissaire d’un autre responsable mieux placé dans la hiérarchie ».

M.A. et L.A.

 


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