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Ilyas El Omari: pourquoi il est parti et que va-t-il devenir?

La démission surprise d’Ilyas El Omari de la direction du PAM est très commentée depuis son annonce, aussi bien par les politiques que par les analystes.

Parmi les nombreuses réactions, on peut citer celle de son « ennemi politique intime », Abdelilah Benkirane, pour qui le départ d’El Omari est une page tournée. Et ce contrairement à Mohamed Ziane qui réclame une enquête sur la fortune amassée par El Omari et son frère au cours des cinq dernières années et la reddition des comptes.

Côté médias, chacun y va de sa grille de lecture. Akhbar Al Yaoum titre: « Une tempête dans un verre d’eau ». Et après avoir présenté le contenu de la conférence de presse d’El Omari de mardi à Rabat pour expliquer les raisons de son départ, le quotidien arabophone recherche les motifs réels qui se cachent derrière ses paroles. Pour un ex-ministre, qui a gardé l’anonymat, présenté comme très au fait des arcanes de la politique au Maroc, de ses jeux et enjeux, « la démission d’El Omari est le couronnement d’un processus de marginalisation et d’exclusion, entamé au lendemain de la proclamation des résultats des élections législatives du 7 octobre 2016 ». Il lui semble qu’après ces législatives, El Omari a perdu son rôle influent et déterminant.

Cet ancien ministre en veut pour preuve notamment le recours à Akhannouch lors des négociations pour la formation du gouvernement et l’apparition du RNI comme une alternative probable au PAM. Il insiste sur le rôle fondamental joué par Akhannouch derrière toutes les manœuvres et actions invisibles durant les six mois de blocage pour la formation de l’équipe gouvernementale.

Toujours selon cette source, un deuxième élément est à rechercher dans les événements d’Al Hoceïma dans la mesure où « un grand nombre d’explications voient dans ces événements une contre-réaction à l’égard du pouvoir qui a accordé au PAM une place qu’il ne mérite pas dans les conseils communaux et régionaux. De même qu’il existe des gens qui font porter la responsabilité de ce qui se passe spécialement à la personne d’Ilyas El Omari ».

Le troisième reproche fait à El Omari par cet ancien ministre porte sur « ses sorties médiatiques marquées par le sceau de la défensive: « je suis prêt à subir un interrogatoire et à aller en prison »; ses attaques à répétition contre les islamistes et sa lettre à Benkirane pour une réconciliation. Tous ses éléments confirment la fin imminente d’El Omari avant qu’il ne l’écrive officiellement en annonçant sa démission ».

De son côté, le politologue Mustapha Sehimi a lié la démission d’El Omari à l’évolution du paysage politique après les élections législatives du 7 octobre 2016, en soulignant qu’elle est « le résultat de l’échec du PAM à rafler la première place dans le scrutin du 7 octobre. Elle est aussi une réaction à la décision de le remplacer par Akhannouch, président du RNI qu’on a fait venir de l’extérieur de la scène politique pour accomplir la même mission qu’on avait confiée à El Omari par le passé ». Sehimi ajoute que cette démission ne semble pas s’arrêter à sa personne mais pourrait avoir des répercussions sur le parti et sur son avenir politique. Le politologue voit une crise de leadership au sein du PAM qui a changé  quatre fois de secrétaires généraux en un temps record de neuf ans.

Il ajoute qu’après cette démission, la « crise du PAM est devenue complexe dans la mesure où Ilyas El Omari avait entre ses mains de nombreux dossiers ». Il exclut néanmoins son retour à son ancien rôle, à savoir diriger dans les coulisses, en soulignant à ce propos que « El Omari est actuellement un homme blessé qui ressent l’humiliation et qu’on s’est servi de lui avant de l’abandonner ». Et Sehimi de conclure que « le rôle politique d’El Omari à l’échelle nationale est terminé ».

N.B.


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