Maroc

Les mesures à prendre pour éviter les piqûres de scorpions

Admis en urgence au Centre Hospitalier Provincial (CHP) « Essalama » d’El Kelaâ des Sraghna pour piqûres de scorpions, Riham, 11 ans, et Adam, 12 ans, ont déjà retrouvé leur santé et leur sourire. Pourtant, ce n’est nullement le sort pour une dizaine de personnes, notamment des enfants, qui décèdent annuellement, à cause des piqûres et envenimations de scorpions.

Une tragédie sociale qui rend donc nécessaire et indispensable de faire montre de davantage de vigilance et d’élargir le spectre de la sensibilisation et de la conscientisation, afin de prévenir un drame pourtant évitable.

De janvier à mai de l’année en cours, quelque 92 cas de morsures de scorpions sont à déplorer, dont trois décès (Amine, Bilal et Rayane) au niveau de la province d’El Kelâa des Sraghna, l’une des parties du territoire national les plus touchées par ce phénomène, avec une forte incidence (3,5‰) et une forte létalité (0,81 %), présentant 20 % du nombre total de décès par envenimation scorpionique recensé au Maroc, selon les données de la Direction Régionale de la Santé et de la Protection Sociale à Marrakech-Safi.

Connue par sa grande diversité en espèces scorpioniques et surtout, celles de la famille Buthidés qui sont les plus venimeuses et les plus dangereuses (Androctonus mauritanicus et Buthus occitanus), la province connait, chaque année, notamment en été, ce drame causé par cet animal thermophile connu par sa forte résistance à la chaleur et à la déshydratation.


« Mon enfant était paisiblement allongé devant la télévision quand il a commencé à pousser des cris. Nous avons rapidement compris qu’il a été victime d’une piqûre de scorpion et nous l’avons emmené en urgence au CHP Essalama, où il a été admis, dans l’immédiat, au service pédiatrie depuis samedi dernier », souligne Nezha, mère d’Adam, dans une déclaration à la MAP.

« Grâce à Dieu et à la bienveillance et au professionnalisme avéré de l’équipe médicale et paramédicale de l’hôpital, mon fils est maintenant en bonne santé », se félicite-t-elle, appelant les parents à faire preuve de vigilance et à adopter les mesures de précaution qui s’imposent dans pareils cas, en particulier durant la saison estivale : Eviter la marche à pieds nus, être prudent lors du soulèvement des pierres, vérifier les chaussures et les vêtements avant leur usage…etc.

Ce message de sensibilisation et de vigilance s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte contre les piqûres de scorpions, basée sur le programme I.E.S (Information /Education/ Sensibilisation) intégrant et favorisant la participation des différents secteurs (collectivités locales, agriculture, éducation, …etc.).

Dans le Centre de Santé relevant de la commune rurale d’Ouled Zarrad, l’équipe de la MAP a pu constater de visu les mesures prises à l’effet de parvenir à une véritable mise en application de cette stratégie, avec à la clé l’organisation d’une séance de sensibilisation sur les dangers des piqûres de scorpions, au profit des habitants des douars relevant de cette collectivité territoriale, animée par Jaafar Oussoulous, responsable des Affaires Générales et de la Communication à la Délégation provinciale de la Santé et de la Protection Sociale à El Kelaâ des Sraghna.

« Cette séance de sensibilisation s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre les piqûres de scorpions, notamment dans les zones à risque », a déclaré à la MAP Oussoulous, faisant savoir que ces actions de sensibilisation et de conscientisation ont largement contribué à la baisse du nombre de cas, qui se chiffraient par milliers en 2001, année de lancement de cette Stratégie, pour se stabiliser à des centaines de cas seulement durant les dernières années.

Oussoulous a ajouté que ces séances de sensibilisation, organisées dans tous les centres de santé de la province, ont commencé depuis le mois de mai et se poursuivront jusqu’à la fin de l’année en cours.

Pour leurs part, les habitants de cette commune rurale (15 km de la ville d’El Kelaâ des Sraghna) qui enregistre plusieurs cas de piqûres de scorpions, ont salué la mobilisation des cadres et des équipes de la délégation provinciale de la Santé et de la Protection Sociale, mettant en relief l’importance de ces efforts de sensibilisation leur rappelant l’impératif de faire preuve de vigilance, de rompre avec les pratiques traditionnelles et de se présenter en toute urgence aux centres de santé pour une prise en charge plus rapide et moins douteuse en cas de morsures..

« Quelque 70% des cas surviennent à l’intérieur des domiciles et touchent essentiellement les mains et les pieds. En clair, grâce à la sensibilisation, on peut éviter le maximum de cas de piqûres de scorpions », a expliqué, pour sa part, le Délégué provincial de la Santé et de la Protection Sociale à El Kelaâ des Sraghna, Younès Lakrik.

Et de faire savoir que la sensibilisation porte sur les moyens de prévention contre les piqûres de scorpions, les moyens de lutte contre ces insectes venimeuses, les gestes et protocole à suivre lors d’une piqûre, les signes d’empoisonnement dû à une piqure scorpionique, et les choses à éviter lors d’une piqûre de scorpion.

Outre le volet sensibilisation, la Stratégie nationale de lutte contre les piqûres de scorpions a adopté un protocole uniforme de prise en charge, qui fait une distinction nette entre une piqûre simple sans envenimation et une piqûre avec envenimation. Celle-ci se base sur un interrogatoire du patient et de son entourage, un examen local, locorégional et un examen général précis et méthodique, a-t-il enchainé.

« Dans le premier cas (classe 1), le patient est surveillé pendant quatre heures et si l’état reste stationnaire, le patient retourne chez lui et une action de sensibilisation est assurée à son profit. Dans le deuxième cas (Classe 2 et 3), le patient est admis à la réanimation et reçoit un traitement symptomatique pour pallier aux défaillances vitales engendrées par l’envenimation », explique le Délégué provincial.

Et Lakrik de poursuivre que dans l’objectif de lutter contre ce problème de santé publique, la Délégation a procédé à l’adoption d’une batterie d’actions, à savoir la formation des professionnels de santé dans les établissements de soins de santé primaire (ESSP) et au niveau du CHP Essalama, la standardisation de la conduite à tenir devant toute piqûre ou envenimation, et la définition du circuit du patient selon les moyens disponibles.

« Malgré les efforts déployés, nous enregistrons une moyenne de dix décès chaque année. Pour réduire notablement ce chiffre, l’implication d’un ensemble d’intervenants est primordiale. Il s’agit notamment d’agir en termes d’engagement des médias et de l’implication des différents départements concernés », a-t-il affirmé.

Dans la même lignée, il a préconisé l’implication aussi des élus qui constitue un élément clé dans le processus de lutte contre cette problématique de santé publique, notamment à travers la mobilisation des ambulances appartenant aux communes, surtout durant les mois à haut risque, et ce afin de transférer d’urgence les personnes piquées ou envenimées vers les structures de prise en charge.

Il a tenu à expliquer que le temps post-piqûre constitue un élément déterminant dans une prise en charge rapide et efficace permettant de sauver les personnes les plus vulnérables, ajoutant que les acteurs de la société civile ont un rôle de taille à jouer également dans la lutte contre les piqûres de scorpions, en s’associant aux multiples efforts de sensibilisation menés auprès de la population.

In fine, il convient de noter qu’une prise de conscience communautaire et une implication multisectorielle s’imposent plus que jamais en tant que véritable « antidote » pour prévenir un drame totalement évitable.

S.L.

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