Culture

Les acrobates de Tanger à la conquête de la France (vidéo)

Le Groupe acrobatique de Tanger a ouvert mercredi soir la 17e Biennale de la danse à Lyon avec leur « Halka », une consécration pour cet art ancestral marocain dont une nouvelle génération d’artistes tente d’enrayer la disparition.

Les acrobates marocains étaient à l’origine des guerriers, spécialistes des pyramides humaines qui permettaient d’espionner l’ennemi au-dessus des murailles. Avec le temps, c’est devenu un art. Et depuis 2003, le Groupe acrobatique de Tanger tente d’insuffler à cette discipline un vent de modernité, dans la veine du cirque contemporain.

Avec cette 4e création, ils ont voulu recréer « l’énergie du cercle », la « Halka », ce lieu qui pourrait être une place publique comme la place Jemaa el-Fna. « Un lieu simple et festif, parfois de subversion, un « arte povera » où des cylindres en tôle servent à donner le rythme », explique Boutaïna El Fekkak, la dramaturge du spectacle.

Sur scène, les acrobates – 10 hommes et deux femmes – enchaînent des saynètes: ici un homme qui s’amuse à se cacher dans l’ombre d’un autre, là une fille qui attire un homme dans ses filets. Le tout ponctué d’acrobaties, de pyramides à formes modulables, où un homme en supporte jusqu’à six autres sur ses épaules.


Il y a de la sensualité à voir ces corps s’escalader. Beaucoup de mélancolie aussi lorsque, au milieu du spectacle, du sable commencer à s’écouler du ciel.

« Les acrobates s’entraînaient sur la plage de la digue de Tanger. Le sable, c’est un élément fondamental pour eux, il protège, c’est comme un tapis puzzle mais gratuit et naturel. Cette digue était aussi un lieu de transmission, où des jeunes venaient se faire repérer. Aujourd’hui elle n’existe plus, elle a été rasée cette année à cause du projet Tanger-métropole qui prévoit la construction d’un port de plaisance », raconte Sanae El Kamouni, directrice de la compagnie.

« Je suis triste de cette disparition, de cette digue que mes ancêtres ont parcourue. Aujourd’hui, il y a une forme de résistance, les acrobates continuent d’aller à la digue et de chercher les moindres petits espaces disponibles pour s’entraîner. Mon père a quand même ouvert une salle dans la Médina », enchaîne Amal Ammich, acrobate depuis sept générations.

A Lyon, la « Halka » se joue au Théâtre des Célestins, théâtre à l’italienne qui contraste avec l’esprit du spectacle. On se dit qu’on préférerait peut-être le voir dans la rue, ou sur une plage avec la Méditerranée en toile de fond.

« Il y a dans ce spectacle un côté chaleureux, familial, solaire, très humain qui n’est pas si commun dans la danse. Et ça fait plaisir de voir ces artistes du Maghreb qui donnent une représentation du monde joyeuse et ludique, où les filles sont sur le même plan d’égalité que les hommes », commente Dominique Hervieu, directrice artistique de la Biennale de Lyon.

« Et il est d’autant plus important qu’ils soient là que cette tradition de l’acrobatie marocaine est en train de se perdre », poursuit-elle.
Le Groupe acrobatique de Tanger, financé en grande majorité par la Fondation BNP Paribas, par des théâtres français et, à la marge, par le ministère marocain de la Culture, est la seule troupe de la discipline à dimension internationale.

Elle entame à Lyon un long tour de France. De fin septembre à mi-octobre, elle sera au Parc de La Villette à Paris, avant de se produire jusqu’en avril dans plus de 20 villes de l’Hexagone (Auch, Dole, Annecy, Moissac, Marseille, Brest, Le Havre, etc.). Fin décembre, on pourra la voir également à Bruxelles et en mars, au Maroc.

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(avec AFP)

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