Le Gran Teatro Cervantes de Tanger sera enfin rénové
Après une agonie et un oubli total qui a duré plus de quarante ans, il semblerait que le ministère de la culture se soit enfin décidé à sauver les débris du Gran Teatro Cervantes de Tanger.
Le ministre de la culture, Mohamed Amine Sbihi, a déclaré que son ministère allait commencer la rénovation tant attendue de ce théâtre mythique.
Cette déclaration intervient quelques semaines après l’annonce de la rénovation de la Plaza de Toros de Tanger. D’ailleurs, le ministre ajoute que les rénovations du Gran Teatro Cervantes commenceront quand les procédures de legs seront complètement achevées avec l’Espagne qui en détient toujours la prise en charge.
Le gouvernement espagnol a annoncé officiellement, il y a moins d’un an, que le bâtiment de 1.400 places, achevé en 1913, passera gratuitement sous la propriété du Maroc, à condition que le royaume restaure le lieu, conserve sa façade, le transforme en centre culturel et qu’il bénéficie du statut de patrimoine national.
L’histoire de l’édifice remonte à 1911 quand un riche commerçant espagnol, Manuel Pena, décide de l’ériger afin de le dédier à son épouse Esperanza Orellana, passionnée de théâtre. Inauguré en décembre 1913, son parcours est intimement lié à la présence espagnole. Pendant la seconde guerre mondiale, les troupes de Franco qui occupent Tanger, jugeant son aspect trop moderniste, envisagent « de le convertir en théâtre impérial, un peu dans le style fasciste néo-classique.»
Son activité culmine dans les années 50, quand la communauté espagnole avoisine les 30.000 personnes. Mais dans une ville disposant, à compter de 1923, d’un statut international, cet écrin de 1.400 places s’est aussi ouvert à une multitude d’autres nationalités. Il a vu passer le célèbre ténor Antonio Caruso, la cantatrice Adeline Patti ou encore les troupes de flamenco du début du siècle dernier, tout en accueillant troupes arabes et nationalistes marocains, telle la troupe Al Hilal, composée de Tangérois, qui a joué en 1929 le célèbre Othello. Fermé depuis 1974, le Gran Teatro Cervantes a longtemps été loué pour un dirham symbolique au Maroc, tout en restant la propriété de l’Espagne
Soraya Adny
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