Chroniques

« Zéro Grissage »: les limites d’une campagne

Par Ahmed Ghayat

Je ne sais si je réussirai ici à exprimer ce que je ressens face à cette campagne «Zéro Grissage» (zéro agression) ni même si mon point du vue sera compris…

Toujours est-il que cette campagne me semble porter en son sein certains relents au goût d’amalgame, de «sus aux gueux», de désignation facile de boucs émissaires.

D’avance, je préviens que je ne remets nullement en cause la véracité de l’insécurité vécue et/ou ressentie par nombre de nos concitoyens ni ne rejette la nécessité d’une politique de répression… Mais quand même : toutes les photos illustrant cette campagne sont des photos de jeunes. Seule la jeunesse serait elle porteuse d’insécurité ? Certaines de ces photos sont d’ailleurs tellement photoshopées qu’elles en deviennent caricaturales !

Cette campagne est accompagnée de commentaires, de posts, eux-mêmes effrayants : citoyens appelés à s’armer, auto-défense préconisée , justice expéditive réclamée… et jeunes des quartiers populaires désignés sans précaution à la vindicte populaire.

Est ce ainsi, sans aucun garde-fou, que l’on lance une campagne d’aussi grande envergure sur les réseaux sociaux, si prompts aujourd’hui à «armer les bras» ? Les effets d’un tel matraquage risquent fort de nous revenir en plein visage, tel un boomerang.

Oui à une campagne de prévention, oui à des propositions dignes de respect et pointant du doigt les causes réelles de la délinquance –dont encore une fois, nul ne peut nier la réalité–, oui à la préservation de la dignité de notre jeunesse, oui à l’auto-critique de notre société, à notre propre auto-critique car nous avons tous une part de responsabilité dans ces dérives violentes.

Je n’ai lu nulle part que la violence d’une partie (très minoritaire) de notre jeunesse venait en écho à la violence de notre société, de certains de nos comportements ? L’opulence insultante de certaines attitudes, la hogra (mépris) que subissent tant et tant de jeunes, les signes extérieurs d’une richesse indécente, ne sont-ils pas eux aussi des «grissages» ?
Je n’excuse rien, j’explique simplement que ce n’est pas par une campagne qui me semble ajouter à la hogra que l’on résoudra le problème, réel ! C’est par une politique éducative, culturelle, civique, préventive… et répressive, lorsqu’il le faut, que nous commencerons à regagner du terrain sur la violence…

Laisser une jeunesse grandir sur un terrain en friches donnera bien évidemment des «herbes folles». Mettons donc aussi en avant cette immense majorité de nos jeunes qui s’en sort, et enfin soyons donc nous-mêmes exemplaires dans nos comportements d’adultes… ce qui, vous en conviendrez est bien loin d’être le cas lorsque l’on voit le nombre d’entre nous qui se comportent en délinquants, ne serait –à titre indicatif– que lorsque nous sommes au volant !


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