Maroc

25 ans de règne. Ressources hydriques : la gestion de la pénurie, une question stratégique

À l’horizon 2050, le stress hydrique devrait s’accentuer selon les différentes projections. De ce fait, la gestion des ressources hydriques a été érigée en priorité nationale, durant les 25 ans de règne du Souverain, comme en témoignent le lancement des différentes stratégies et plans d’urgence, mais aussi les orientations royales ainsi que les discours et séances de travail tenues face à l’urgence d’agir.

À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. La question de l’eau demeure un dossier prioritaire au Maroc puisque la pénurie d’eau pourrait avoir une incidence sur presque tous les aspects du développement socioéconomique du pays.

Au total, les ressources en eau du pays sont actuellement estimées à 22 milliards de m3, soit 18 milliards de m3 d’eau de surface et 4 milliards de m3 d’eau souterraine en se référant à la note technique de pénurie d’eau et de sécheresses élaborée par la Banque mondiale dans le cadre de la préparation de son rapport sur le climat et le développement.

Avec la succession des années de sécheresse et la diminution continue des précipitations, le Maroc a connu, au cours des dernières décennies, ses pires sécheresses et la situation devrait empirer jusqu’en 2050 selon les projections faites sous l’effet d’une augmentation annuelle du thermomètre avec des températures record de chaleur dépassant la barre des 50°C, mais aussi l’accélération de la migration climatique. Des projections qui ont érigé la gestion des ressources hydriques en priorité nationale, comme en témoigne le lancement des différentes stratégies et plans d’urgence.

Dans ce sens, le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) 2020-2027 a été préparé et présenté au Roi Mohammed VI, le 13 janvier 2020. Ce programme constitue la première phase du projet du Plan national de l’eau (PNE) étalé à l’horizon 2050 après sa présentation à la commission interministérielle de l’eau depuis le 25 décembre 2019.

Le Plan national de l’eau (PNE)
Parallèlement, ces programmes sont assujettis aux différentes orientations royales, discours et séances de travail notamment celle du 16 janvier 2024 qui a été consacrée au suivi du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027.

Cette séance a été également précédée par le discours royal à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, le 14 octobre 2022 où le Roi Mohammed VI avait souligné la problématique de l’eau, mais aussi les séances de travail consacrées à l’examen de cette question.

Aujourd’hui, si le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation (PNAEPI) 2020-2027 est appelé à accélérer sa cadence pour faire face à l’urgence de la sécurité hydrique, sa mise à jour constante est une nécessité vu les ambitions du plan d’investissement dans l’Eau pour la période 2020-2050. 41,3 milliards ont été investis, après l’actualisation des coûts de plusieurs projets mobilisés dans le cadre de ce plan afin de combler l’écart entre l’offre et la demande en eau au cours des décennies à venir. Et ce, en augmentant la mobilisation de l’eau (de 4,6 milliards de m3/an) et en améliorant l’efficacité de la gestion de l’eau dans les secteurs de l’eau potable et de l’agriculture (ce qui permettrait de réaliser une économie d’à peu près 2,2 milliards de m3/an).

Irrigation agricole : quatre principaux programmes
Actuellement, cet écart est actuellement estimé à 1,8 milliard de m3/an au niveau national et pourrait atteindre 7 milliards de m3/an d’ici à 2050 en tenant compte des effets du changement climatique. Le PNE 2050 énumère une série de solutions, essentiellement d’ordre technique, pour combler cet écart.

D’une part, il vise à réduire la demande en eau de 2,2 milliards de m3/an d’ici à 2050 tout en diminuant les pertes d’eau dans le transport et la distribution de l’eau potable (jusqu’à 0,4 milliard de m3/an) ; et en économisant 1,8 milliard de m3/an d’eau dans le secteur agricole grâce à la modernisation de l’irrigation. D’autre part, il prévoit d’augmenter la mobilisation de l’eau de 4,6 milliards de m3/an d’ici à 2050 grâce à la construction de barrages et d’interconnexions (3 milliards de m3/an) et au dessalement (1 milliard de m3/an) ainsi qu’à l’utilisation des eaux usées (0,3 milliard de m3/an) et la collecte des eaux de pluie (0,3 milliard de m3/an).

Parallèlement, l’économie d’eau en matière d’irrigation agricole a été adoptée et déclinée à travers quatre principaux programmes, notamment le Programme national d’économie d’eau en irrigation (PNEEI) qui a permis le développement de l’irrigation localisée sur une superficie totale de 550.000 ha.

Il s’agit aussi du programme d’extension de l’irrigation (PEI) en aval des barrages à travers la création de nouveaux périmètres irrigués et le renforcement de l’irrigation des périmètres existants sur une superficie de 130.000 ha ainsi que le programme de réhabilitation et de sauvegarde des périmètres de Petite et moyenne hydraulique (PMH) via l’amélioration de l’efficience de l’infrastructure d’irrigation traditionnelle au niveau des périmètres de PMH.

À cela s’ajoute le programme de promotion du partenariat public-privé en améliorant les conditions de la gestion du service de l’eau d’irrigation, à travers le développement de nouveaux projets d’irrigation dans le cadre de partenariats public-privé, notamment en termes de dessalement et irrigation agricole.

2,3 MMDH pour les stations et unités de dessalement et déminéralisation
Par ailleurs, le Maroc vient de lancer, à travers le ministère de l’Intérieur, la réalisation de 203 stations monoblocs de dessalement de l’eau de mer et d’unités mobiles de déminéralisation. Mobilisant près de 2,3 MMDH, le plan d’urgence, lancé en réponse à la crise actuelle de l’eau au niveau national, a été déployé à travers l’installation de stations monoblocs de dessalement de l’eau de mer et d’unités mobiles de déminéralisation.

Couvrant les 12 régions du Royaume, ces stations permettront d’assurer un débit de 1.263 litres/seconde, soit entre 3 et 50 l/s par unité de dessalement et de déminéralisation, en plus de la connexion de 26 stations avec le réseau public de distribution d’eau et électricité.

Services de distribution d’eau : la réforme actée

Le Maroc a entamé la réforme de son secteur de services de distribution d’eau potable, d’électricité et d’assainissement liquide à travers la signature d’un mémorandum d’entente, le 29 juillet 2021, édictant à la création d’entités entre l’État représenté par trois ministères, dont l’Intérieur, et l’ONEE dans le cadre du principe de progressivité.

Actuellement, les Groupements des collectivités territoriales (GCT) et les sociétés régionales multiservices, conformément à la loi 83-21 relative à la création de ces entités, ont été entamés (première phase) dans le cadre de la réforme du système actuel de gestion des services de distribution d’électricité, d’eau potable et de l’assainissement liquide.

C’est à la base de la contractualisation que ces services en question seront gérés par les sociétés régionales multi-services. Elles remplaceront la pluralité des opérateurs intervenants dans la gestion de ces services publics communaux, entre autres, les régies autonomes, les délégataires privés, l’ONEE, historiquement chargé du service public de distribution d’électricité et de l’eau dans les zones de distribution non servies par les gestionnaires délégués ou les régies, ainsi que les associations.

La rédaction / Les Inspirations ÉCO


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