Maroc

Digitalisation : les freins à la libération du plein potentiel digital du Maroc (VIDEO)

Hicham Chiguer
Président de l’Association des utilisateurs des systèmes d’information au Maroc (AUSIM).

Ces dernières années, le Royaume a déplacé des montagnes, mais pour booster davantage la transformation digitale de son économie, il va falloir une bonne dose de volonté et de motivation. 

Faire du Maroc une Digital nation est une quête permanente. Si, pour plusieurs analystes, le Royaume est sur la bonne voie, il ne faut surtout pas se reposer sur ses lauriers. Il va falloir mettre la main à la poche, notamment «investir massivement. Il va aussi falloir que le gouvernement et toutes les parties prenantes prennent conscience des enjeux», souligne Hicham Chiguer, président de l’Association des utilisateurs des systèmes d’information au Maroc (AUSIM), dans le cadre du Cercle des Eco portant sur la digitalisation et la dématérialisation.

«On peut dire qu’on est premier dans le Maghreb en termes de digitalisation, mais ce n’est pas là qu’on doit mettre le curseur, sinon, cela ne va pas être très challengeant. Il faut plutôt se positionner sur l’Afrique, voire même à l’échelle internationale». Du côté de l’Ausim, l’ambition affichée est que le Maroc devienne un hub africain et international. Comme le souligne son président, «On veut que le secteur du digital prenne de l’ampleur, qu’il soit la priorité stratégique au niveau gouvernemental afin de lancer la machine comme on a pu le faire dans d’autres secteurs, notamment l’automobile, l’offshoring… Quand on avait la volonté et la motivation de le faire, on y est arrivé. On veut que le territoire marocain soit une terre d’accueil, comme ce qu’on a fait par ailleurs.

On peut aussi réussir dans le digital parce que le facteur le plus important, c’est l’élément humain». En effet, ces dernières années, le Maroc a déplacé des montagnes, et tout porte à croire qu’avec de la volonté, il peut enregistrer des progrès spectaculaires.

Des ressources humaines qu’on a du mal à retenir
Certes, le Maroc dispose d’une population relativement jeune et qui apprend vite. Cependant, il a du mal à retenir ses talents. Or, disposer de talents est un élément important à prendre en compte pour booster la transformation digitale du Royaume. Après, il y a la problématique des capacités et des effectifs de talents formés au Maroc. «Sur cet aspect, le fait que ceux-ci partent veut dire aussi qu’on a un bon système éducatif, de «bonnes» têtes. Ce qui est plutôt bon signe», réagit Youssef Zerrari, responsable SU Stratégie, Marketing, Qualité et Innovation à Société générale Maroc. Il ajoute que «Le levier sur lequel il faut qu’on travaille, c’est de créer de l’attractivité pour garder ces talents et se demander quel système mettre en place ?».

Aujourd’hui, tous les secteurs ont du mal à retenir leurs ressources qualifiées. Ceci dit, il est possible d’en retenir certains. Selon Mehdi Lahlou, directeur technique et des systèmes d’information chez Inwi, «Parmi les moyens pour les retenir, il faudrait explorer la possibilité de leur proposer une nouvelle offre de carrière. Leur suggérer des formations nouvelles qui les accompagnent pour évoluer au sein de l’entreprise.

Étant donné qu’aujourd’hui, chez les opérateurs télécoms, la technique pure et dure devient du développement informatique, nous demandons à nos ingénieurs d’apprendre à coder. Et c’est tout l’enjeu de cette transformation digitale».

Surtout ne pas penser uniquement Maroc, mais raisonner dans une logique de hub continental et international !
L’on ne peut pas parler de transformation digitale sans parler connectivité. L’un des nerfs de la guerre sur ce volet, ce sont les câbles sous-marins. «Comparé à l’Égypte et l’Afrique du Sud, qui ont plus d’une douzaine, voire une quinzaine de câbles sous-marins, le Maroc n’en a que 6 ou 7», déplore Chiguer.

En parlant d’infrastructures, le Maroc doit attirer des big players du Cloud. L’enjeu étant de créer un écosystème beaucoup plus fort et davantage de valeur. Et surtout ne pas penser uniquement Maroc ! Il faudrait plutôt raisonner dans une logique de «hub à l’échelle continentale et internationale». L’autre défi à relever est de créer l’environnement propice pour qu’éclose un écosystème de startups. L’enjeu pour ces jeunes pouces est de créer, innover, ramener de la valeur et des devises.

Une réglementation plus agile

En ce qui concerne la réglementation, il va falloir rendre agile un certain nombre de lois pour pouvoir se doter des moyens nécessaires. «Aujourd’hui, le statut startup n’existe pas sur le plan légal. Toute la partie réglementation et légale doit être revue pour que le Maroc puisse libérer son potentiel». Dans le secteur bancaire, par exemple, il y a des choses sur lesquelles il faut qu’on accélère, notamment l’Open banking, qui consiste à ouvrir les systèmes d’information des banques.

«Voici une directive qui accélère énormément de choses en Europe et qui a permis à beaucoup de startups de bien se lancer parce qu’elles ont pu se connecter. Autant de sujets sur lesquels les régulateurs travaillent, mais cela prend du temps», explique Youssef Zerrari, responsable SU Stratégie, Marketing, Qualité et Innovation à Société générale Maroc.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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