Maroc

Neila Tazi dénonce le mépris de « hauts responsables marocains »

Neila Tazi est Fondatrice et productrice du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, un festival qui n’est plus à présenter et qui attire les regards du monde entier depuis de nombreuses années. Elle est également présidente du groupe A3 Communication, Vice-présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et Vice présidente de la chambre des conseillers. Sur les réseaux sociaux, Neila Tazi est assez discrète. Mais vendredi dernier, elle a publié un long message qui n’est pas passé inaperçu sur Facebook.

« Mon post est un cri du coeur spontané, sincère et légitime », explique Neila Tazi à Le Site info. Dans ce post, elle rappelle d’abord que durant 20 ans, « avec le Festival Gnaoua et Musiques du Monde nous avons mené un travail acharné pour redonner à la culture des Gnaoua ses lettres de noblesse, pour rendre aux Gnaoua leur dignité. Depuis le premier jour en 1998, malgré les apparences, nous avons affronté de très/trop nombreuses difficultés, mais nous nous sommes accrochés, et la reconnaissance de l’art des Gnaoua sur la scène musicale mondiale, l’engouement du public et des médias n’ont fait que se renforcer tout au long de ces 20 années ».

« Il y a 5 ans nous avons constitué un solide dossier et demandé au ministère de la culture d’introduire auprès de l’Unesco notre demande d’inscription de l’art des Gnaoua sur la liste du patrimoine oral et immatériel de l’humanité », peut-on lire dans le message.

« Cette démarche relevait d’un sentiment d’urgence, parce que de nombreux Maalems nous ont quitté tout au long de ces années, emportant avec eux tout un pan de cette tradition orale. Une mesure de sauvegarde devenait donc de plus en plus nécessaire pour que ce qui a démarré par la volonté de quelques passionnés devienne le succès, le patrimoine et la responsabilité de tous », précise la business women.
« Mais je vous laisse imaginer le mépris auquel nous avons eu droit face au manque d’intérêt de la part des hauts responsables marocains concernés et de la haute administration. Chaque année notre dossier restait sous la pile pour des raisons incompréhensibles. Chaque année on nous inventait quelque chose. Après 5 ans de sollicitations déterminées, de courriers et de rendez-vous incessants j’apprends encore aujourd’hui que le dossier des Gnaoua ne sera pas traité avant au moins deux ans », dénonce Neila Tazi qui ne comprend pas pourquoi un tel mépris.
« Là ou chaque haut responsable s’empresse de glisser dans ses initiatives le mot « Afrique » pour prouver coûte que coûte qu’il s’inscrit dans la vision de Sa Majesté, certains n’ont ils toujours pas compris que l’expression la plus évidente de notre ancrage africain est bien cet héritage musical venu d’Afrique subsaharienne? », lance Neila Tazi. Et de conclure: « Devons nous encore en 2017 attendre des interventions au plus haut niveau pour qu’un projet aussi cohérent puisse enfin susciter l’intérêt des responsables concernés? »


Dans l’entretien qu’elle nous a accordé afin d’expliquer ce cri du coeur, Neila Tazi apporte des clarifications: « le dossier Gnaoua pour l’UNESCO est prêt depuis des années et ne pas le défendre comme il se doit est une injustice vis a vis des Gnaoua, et une réelle incohérence sachant que cette culture ancestrale est le reflet de l’ancrage africain du royaume ».

Et de poursuivre: « Il est nécessaire de réparer cette injustice. Le fait est que l’administration du ministère de la culture n’a pas fait son travail et nous a mené en bateau. Et j’espère que je n’aurai pas à rendre publiques les correspondances qui le prouvent, car mon objectif n’est pas d’alimenter une polémique ou de dénoncer des personnes, mais bien de dire STOP au mépris et à la désinvolture. Chacun, quelque soit son rôle social est en mesure de mener des actions associatives et durables. La réalité est que ce que nous avons réalisé au cours de ces 20 ans s’est fait par la volonté d’une poignée de passionnés, d’esprits libres et engagés et que si les Gnaoua avaient attendu le ministère de la culture, ils auraient eu leur part d’indifférence comme beaucoup d’autres puisque le rôle de ce ministère à été insignifiant tout au long de ces années sur cette question. Je tiens à préciser que de nombreuses personnes au sein de ce même ministère ont une vraie volonté et une réelle expertise, mais malheureusement, comme à chaque fois, les meilleurs éléments ne sont pas valorisés. Il a manqué un suivi rigoureux de la part des hauts responsables et ils le savent ».

Beaucoup ne comprennent pas pourquoi les demandes Neila Tazi sont restées lettre morte au sein du ministère depuis toutes ses années, alors qu’elle occupe des fonctions importantes. C’est pourtant parce qu’elle a toujours fait le distinguo entre ses différentes casquettes que son message a été salué sur les réseaux sociaux. Pourvu maintenant qu’on l’écoute, non seulement pour les Gnaoua, mais aussi pour cesser toute forme de « hogra ».

Hicham Bennani

 

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