Le Maroc trace sa voie vers un leadership mondial

Engagé dans une stratégie énergétique de rupture, le Maroc ambitionne de devenir un acteur incontournable de l’hydrogène vert à l’échelle mondiale. À travers l’initiative «Offre Maroc», le Royaume mise sur une approche intégrée mêlant investissements massifs, partenariats internationaux et industrialisation progressive. Porté par une vision assumée et un potentiel renouvelable exceptionnel, le pays est passé de la stratégie à l’exécution. Reste à relever les défis liés aux infrastructures, à la réglementation et à la compétitivité pour transformer l’essai.
Le Maroc s’est engagé résolument dans la course mondiale à l’hydrogène vert, une énergie propre produite à partir de sources renouvelables. Sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le pays a lancé l’initiative «Offre Maroc» en juillet 2023, visant à structurer une filière nationale compétitive et à attirer des investissements majeurs dans ce secteur stratégique. Cette dernière s’inscrit dans une vision de développement durable et de transition énergétique, positionnant le Maroc comme un acteur clé sur la scène internationale.
Des projets d’envergure pour une ambition mondiale
Le 6 mars, le gouvernement a validé six projets d’hydrogène vert, représentant un investissement total de 319 milliards de dirhams. Ces projets, portés par cinq consortiums nationaux et internationaux, seront implantés dans les régions du sud du pays : Dakhla-Oued Eddahab, Guelmim-Oued Noun et Laâyoune-Sakia El Hamra. Ils visent la production d’ammoniac vert, de carburant industriel et d’acier vert, qui sont des composés essentiels à la décarbonation de l’industrie et à l’exportation vers les marchés européens.
Parmi les consortiums retenus dans le cadre de l’«Offre Maroc», on retrouve Ornx Green Hydrogen, une coentreprise réunissant l’Américain Ortus, l’Espagnol Acciona et l’Allemand Nordex, spécialiste de l’ammoniac vert.
Le duo Taqa (Émirats Arabes Unis) – Cepsa (Espagne), positionné sur l’ammoniac et les carburants industriels figure également sur la liste, tout comme Acwa Power (Arabie saoudite), engagé dans la production d’acier vert, et l’entreprise marocaine Nareva, active sur l’ensemble des segments précités.
Chaque projet bénéficiera d’une allocation foncière pouvant atteindre 30.000 hectares, dans le cadre d’un parc immobilier national d’un million d’hectares dédié au développement de la filière hydrogène vert.
Une stratégie intégrée pour une filière compétitive
L’«Offre Maroc» repose sur une approche intégrée couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de l’hydrogène vert : production, transformation, transport, stockage et exportation. Elle prévoit également la mise en place d’un cadre réglementaire attractif, la mobilisation de financements publics et privés, ainsi que le développement d’infrastructures adaptées, telles que des unités de dessalement d’eau de mer, des réseaux électriques et des ports.
Le Maroc ambitionne de devenir un fournisseur majeur d’hydrogène vert pour l’Union européenne, visant une capacité d’exportation de 10 millions de tonnes d’ici 2030. Cette stratégie s’inscrit dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, qui vise la neutralité carbone à l’horizon 2050. La dynamique nationale en matière d’hydrogène vert a attiré l’attention de plusieurs acteurs internationaux.
En octobre 2024, lors de la visite d’État du président français Emmanuel Macron au Maroc, des accords ont été signés avec des entreprises françaises telles que TotalEnergies, Engie et Veolia, portant sur la production d’hydrogène vert, le dessalement de l’eau de mer et le développement d’infrastructures énergétiques.
Par ailleurs, le Maroc figure parmi les sept pays africains identifiés par la fondation allemande H2Global comme précurseurs dans le secteur de l’hydrogène vert, grâce à son potentiel en énergies renouvelables, son accès aux ressources en eau et sa stratégie nationale ambitieuse.
Une vision à long terme pour une transition énergétique réussie
Malgré les avancées réalisées, plusieurs défis restent à surmonter pour concrétiser l’ambition marocaine autour de l’hydrogène vert : il faudra développer des infrastructures adaptées – réseaux électriques, ports, unités de dessalement – pour accompagner la production et l’exportation ; instaurer un cadre réglementaire clair et incitatif afin de sécuriser les investissements ; mobiliser des financements mixtes, publics et privés, à l’échelle nationale et internationale ; renforcer l’intégration industrielle locale en misant sur la formation, le transfert de technologies et l’implication des entreprises marocaines ; et enfin, positionner le Maroc de manière compétitive sur les marchés internationaux en nouant des partenariats et en respectant les standards exigés par les acheteurs.
Le Royaume a déjà réalisé des progrès significatifs dans le domaine des énergies renouvelables, avec une capacité installée représentant 45% de son mix énergétique en 2024, et un objectif de 52% d’ici 2030. Le développement de la filière hydrogène vert s’inscrit dans cette trajectoire, en offrant des opportunités économiques, industrielles et environnementales majeures.
En s’appuyant sur ses atouts naturels, sa stabilité politique et sa volonté stratégique, le Maroc entend jouer un rôle de premier plan dans la transition énergétique mondiale, en devenant un hub régional et un partenaire privilégié pour l’Europe et l’Afrique.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO