Maroc

Brahim Akhiyat, le parcours d’un pionnier de l’amazighité

Pendant presque un demi-siècle, l’intellectuel et acteur associatif, Brahim Akhiyat, n’a cessé d’œuvrer pour la promotion de la langue amazighe, patrimoine commun de tous les Marocains.

Le professeur Brahim Akhiyat est apprécié dans les sphères politique, culturelle et associative -tant par ceux qui partagent ses convictions que par ceux qui ne sont pas d’accord avec lui- pour ses qualités morales, son ouverture d’esprit et ses techniques de communication et de persuasion.

Selon Ahmed Boukous, recteur de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), Brahim Akhiyat est le «véritable fondateur» du mouvement amazigh, si l’on tient compte de l’ampleur de son engagement et de son dévouement au service de cette cause, comme en témoignent ses initiatives telles la création de l’Association marocaine de recherche et d’échanges culturels (AMREC) en 1967, le lancement de l’Université d’été d’Agadir en 1979 et la signature de «La charte d’Agadir» en 1991.

Dans une déclaration sur le portail amazighe de la MAP (Maghreb Arab press), Ahmed Boukous met en exergue les qualités de Brahim Akhiyat notamment le dialogue constructif et l’ouverture sur les différentes sensibilités du mouvement amazigh partout au Maroc, dans le Souss, le Moyen Atlas ou le Rif.

Pour Ahmed Assid, président de l’Observatoire amazigh des droits et libertés (OADL), Brahim Akhiyat est «l’un des grands fondateurs» du mouvement amazigh, pourvu des qualités «d’un acteur associatif accompli» et d’une capacité d’encadrement et de persuasion. Il ajoute que l’intéressé, à la faveur de l’action entreprise pendant de longues décennies, a réussi à marquer de ses empreintes une longue étape de ce mouvement et à propulser l’AMREC au coeur du tissu associatif marocain.

Essafi Moumen Ali, l’un des fondateurs de l’AMREC, décrit Brahim Akhiyat comme «une pierre angulaire» sur laquelle s’est bâti le mouvement amazigh. Il souligne qu’il a beaucoup sacrifié pour promouvoir cette cause et que ses ouvrages et ses actions ont contribué à l’officialisation de la langue amazighe dans la Constitution de 2011.

A son domicile à Rabat, Brahim Akhiyat, qui souffre de problèmes de santé ces dernières années, a confié à la MAP que les 50 années de militantisme en faveur de l’amazigh, depuis la création de l’AMREC en 1967, ont permis au mouvement amazigh de produire un discours culturel national convaincant axé sur la défense des composantes de l’identité marocaine avec à leur tête l’amazigh.

Il a ajouté que le royaume a fait de grands pas en matière d’approfondissement de la prise de conscience de l’identité marocaine, qualifiant d’«initiative courageuse et grandiose» la décision de SM le roi Mohammed VI d’officialiser l’amazigh dans la Constitution de 2011.

Et de préciser que cette officialisation a ouvert les portes à toute personne qui œuvre pour la promotion de l’amazighe dans les domaines de la création, de l’écriture, du travail associatif et du développement humain et que le Maroc, par sa grande expérience en matière de protection des droits linguistiques et culturels, est qualifié pour devenir «un phare» pour les pays d’Afrique du Nord.

Né en 1941, à Aït Baha près d’Agadir, Brahim Akhiyat s’installe à Rabat pour poursuivre son parcours scolaire et universitaire. En 1979, il est l’un des fondateurs de l’Association de l’Université d’été d’Agadir dont il présidé le comité d’organisation des sessions de 1980-1982-1988 et 1991. En 1974, il est le fondateur de la première troupe musicale amazighe moderne baptisée «Usman».

Dans les années 1990, il est le directeur du premier magazine amazigh, Amud(Graines) et du journal Tamunt (Union), le premier coordinateur national des Associations amazighes du Maroc de 1993 à 1996, le président des travaux du Congrès mondial amazigh, tenu à Lyon, en France, l’été 1999, membre du conseil d’administration de l’IRCAM et le président de sa commission des affaires culturelles, éducatives et de communication après sa création.

Il est l’auteur d’un recueil intitulé Tabrate (Lettre) en 1992, et de plusieurs ouvrages sur l’amazighité notamment Pourquoi l’amazighité ? en arabe (1994),Les hommes de l’action amazighe : les défunts d’entre eux (2004), L’amazighité : notre identité nationale (2007) et La renaissance amazighe, comment j’ai vécu son émergence et son évolution (2012).

Au regard de l’importance de sa contribution à la promotion de l’amazigh pendant près de cinquante ans, le nom de Brahim Akhiyat est incontestablement indissociable de son combat pour l’officialisation de la langue amazhighe dans la Constitution de 2011.

Brahim Benhammou


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