Economie

Vers une stabilisation de la crise mondiale ? Brahim Laroui répond (VIDEO)

Après une période délicate vécue depuis le déclenchement de la crise sanitaire, le marché des huiles de table semble revenir à un semblant de normalité. Toutefois, les tensions inflationnistes et la baisse du pouvoir d’achat demeurent des aspects préoccupants à suivre de très près. Le directeur général de Lesieur Cristal, qui était L’invité des ECO, explique la situation.

Comment expliquez-vous les tensions sur les prix ?
Je citerais principalement trois raisons. La première est d’ordre climatique. Dans les zones où le soja (ndlr: principale matière première pour la production d’huile de table) est cultivé, essentiellement en Amérique du Nord et en Amérique latine, en particulier au Brésil et en Argentine qui sont en proie aux aléas climatiques (ndlr: sécheresse). La deuxième raison est davantage structurelle. En observant les chiffres des vingt dernières années, la tonne de soja oscillait entre 600 et 800 dollars, ce qui était raisonnable. Depuis la crise Covid, les cours ont grimpé à un niveau inhabituel de plus de 1.400 dollars. C’est près de 50% d’augmentation. La guerre Russie-Ukraine a fait porter ce niveau à 2.100 dollars en mars. C’est effectivement une augmentation de 2,5 fois du coût de cette commodité, qui a directement impacté les pays du Maghreb. Lorsque le pétrole augmente, cela rend, automatiquement, la graine oléagineuse, pour des producteurs de biocarburants, encore plus intéressante. Ce qui stimule, et c’est le troisième facteur, encore plus l’inflation et donc la hausse des graines. Sans oublier, les pressions légitimes d’ordre écologique et environnemental qui imposent que la constitution des hydrocarbures soient de plus en plus à base végétale. Un autre facteur intervient lorsque les tensions sur les alternatives en matière de graines oléagineuses sont fortes. Ce fut le cas du tournesol plus récemment.

Quel est l’état de la production mondiale?
La production mondiale a repris un cours normal. Le prix, cependant, reste élevé. On revient toujours au phénomène structurel. En fonction des aléas et des régions, on peut avoir des facteurs haussiers et baissiers sur le cours. Ce qu’il faut toutefois constater, c’est que la surface utilisée mondialement pour la culture du soja n’augmente pas beaucoup. C’est une culture qui est assez mise sous pression, parce qu’elle est souvent issue de phénomènes de déforestation, ce qui pousse à des pressions environnementales. Plus globalement, il n’y a pas de difficulté particulière sur le plan de la production. Nous ne nous attendons donc pas à une rupture ou à des chocs en matière de disponibilité du soja. Je pense que la principale question est de savoir quelle va être l’évolution des facteurs qui sous-tendent son cours. Ce sont des facteurs qui échappent totalement au contrôle de notre région, qui n’est pas consommatrice de biocarburants. Et nous ne sommes pas producteurs de graines, dans une quantité significative, qui ferait bouger les cours à la hausse ou à la baisse. Nous sommes plutôt importateurs, et on sera toujours obligé de subir.


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