OPINION DU WEB

Le nouveau visage de l’esclavagisme

Le projet de loi relatif aux « petites bonnes », a livré son verdict le 9 mai dernier. C’est finalement l’âge de 16 ans qui a été retenu comme âge minimum du travail domestique. Coup de gueule.

nadiaPar Nadia Essalmi, éditrice

Que dire de cette femme qui se dandine, la rate dilatée et gonflée à bloc de satisfaction, suivie par une petite fille à qui elle confie tantôt son panier de légumes, tantôt son seau de hammam.

La fillette à qui on a imposé une vie d’adulte dans un corps d’enfant. Elle a la tête rasée parce que sa patronne ne daigne pas consacrer du temps à lui démêler les cheveux. Un foulard couvre cette tête pelée qui rappelle celle d’une cancéreuse. Son cancer à elle s’appelle misère. Les deux aboutissent à la même tête dégarnie.


Ses parents étaient contraints de se débarrasser d’une bouche de trop à nourrir. La famille d’accueil intègre une esclave à tout faire qu’elle aura achetée à deux sous.

La gamine n’aura aucun répit ni compassion. Elle fera la vaisselle, lavera le linge, s’occupera des enfants, fera le parterre et les courses… Elle servira aussi d’objet d’apprentissage sexuel aux jeunes de la famille et parfois à assouvir les fantasmes du patron pédophile.

Elle sera engrossée et jetée à la rue pour être récupérée par d’autres prédateurs qui profiteront de son infortune.

Pour faire vivre son enfant, elle sera prostituée, mendiante ou voleuse… Ballottée entre la misère de ses parents et le luxe de ses employés, elle se perdra, avec son enfant, dans le tourbillon cruel de la vie. Quelques chiffres alarmants pour illustrer ce fléau

Les causes sont nombreuses : l’analphabétisme des petites filles (53% des analphabètes) résultant de leur exclusion de la scolarisation. Selon le «collectif pour l’éradication du travail des petites bonnes», entre 60 000 et 80 000 fillettes de 8 à 15 ans sont exploitées comme domestiques au Maroc.

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) annonce que 30% n’ont jamais été scolarisées, 49% sont en abandon scolaire, 38% sont âgées de 8 à 12 ans (âge du premier cycle de l’enseignement fondamental), 62% sont âgées de 13 à 15 ans (âge du second cycle de l’enseignement fondamental), 21% sont encore scolarisées et travaillent par intermittence (vacances scolaires). Ainsi va la misère !

 

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