Qui est Mark Carney, le banquier qui remplace Trudeau à la tête du Canada ?

Novice en politique et n’ayant jamais été élu dans sa vie, Mark Carney a réussi à conduire le Parti libéral du Canada (PLC) à la victoire lors des élections législatives, alors que tous les sondages prédisaient il y a encore quelques mois une victoire écrasante des conservateurs.
Bien que les libéraux n’ont pas réussi à remporter la majorité absolue au parlement, ils n’ont besoin que du soutien d’un petit parti pour gouverner.
Cette victoire propulse donc Carney au poste de Premier ministre dans un pays qui fait face à une crise sans précédent en raison des nouveaux tarifs américains qui menacent des centaines de milliers d’emplois.
Carney, un profil atypique
Le nouveau Premier ministre canadien est né en 1965 à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest, de parents enseignants. Carney, qui a obtenu un baccalauréat en économie de l’université américaine Harvard en 1988, a continué ensuite ses études à l’Université d’Oxford, en Angleterre.
Cet économiste a commencé sa carrière à la banque d’investissement Goldman Sachs, où il a occupé divers postes entre 1988 et 2003. En 2008, il devient gouverneur de la Banque du Canada, en pleine crise financière mondiale. Il décide alors de baisser les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas et prend des initiatives pour s’assurer que les banques canadiennes disposent de suffisamment de liquidités pour maintenir leurs opérations.
Face à la récession, l’économie canadienne est celle qui s’en est le mieux tirée parmi ses pairs du G7. Après son départ de la banque centrale canadienne, Carney devient gouverneur de la Banque d’Angleterre (2013-2020).
Suite à la démission de Justin Trudeau de la direction du PLC en janvier, Carney décide de se présenter pour sa succession. Il réussit facilement à prendre la tête du parti et devient de facto le nouveau Premier ministre du pays avant de déclencher dans la foulée des élections.
La conjoncture particulière de ces derniers mois a aussi contribué grandement à changer la donne pour le nouveau chef libéral. Les droits de douane imposés par le président américain et ses réflexions sur l’annexion du Canada ont rallié les électeurs derrière les deux principales forces politiques du pays, à savoir les libéraux et les conservateurs. Ce ralliement a eu lieu aux dépens du Nouveau Parti Démocratique et du Bloc Québécois, qui ont vu leur nombre de sièges baisser par rapport à la dernière législature.
Ce profil d’économiste reconnu semble avoir réussi à convaincre les Canadiens que son expérience dans les milieux économique et financier fait de lui l’homme de la situation pour diriger le pays.
Appel à l’unité
S’exprimant dans la nuit de lundi à mardi devant ses partisans, au moment où se confirmait la victoire de son parti aux législatives, Carney a appelé le pays à l’unité lors des « difficiles mois à venir qui exigeront des sacrifices ».
Son principal opposant et chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, s’est engagé, de son côté, à placer l’intérêt du pays avant les luttes partisanes.
Quant à Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, il a appelé à « une trêve partisane », ajoutant que les électeurs attendent « une forme d’alliance entre les différents partis » pour faire face à la situation actuelle.
Pour les Canadiens, la question est de savoir si le chef libéral va respecter ses engagements pris lors de la campagne électorale, dont la construction de près de 500.000 nouveaux logements au cours des 10 prochaines années, un investissement de plus de 30 milliards de dollars supplémentaires dans la défense au cours des 4 prochaines années et l’élargissement des soins dentaires pour environ 4,5 millions de Canadiens.
Carney devra aussi former un gouvernement capable de faire face aux tarifs douaniers américains et de diversifier les partenaires commerciaux du pays en ces temps d’incertitude économique.