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Ce que vous ne savez pas sur l’attentat raté de Paris

Une voiture piégée, remplie de bonbonnes de gaz, abandonnée en plein Paris: l’enquête déclenchée par cette découverte a conduit au premier commando de femmes djihadistes à vouloir frapper la France, des « fanatisées » qui n’ont pas réussi à gagner la Syrie. Une Peugeot 607 est stationnée dans le Quartier latin, non loin de Notre-Dame, quand l’employé d’un bar signale, dans la nuit de samedi à dimanche, la présence d’une bouteille de gaz sur un siège du véhicule, warnings allumés et sans plaques d’immatriculation. Pour les enquêteurs, aucun doute : la voiture piégée était destinée à prendre feu.

Dans le coffre, ils découvrent cinq bonbonnes pleines de gaz, trois bouteilles avec des traces de gasoil, une couverture avec des résidus d’hydrocarbure ainsi qu’une cigarette à peine consumée, mais aucun dispositif de mise à feu. L’amateurisme du système interpelle, mais, alors que la France est confrontée à une menace terroriste sans précédent, la découverte est prise très au sérieux : le parquet de Paris ouvre une enquête pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste criminelle ». Les investigations s’orientent vers la fille du propriétaire de la 607, Inès Madani, 19 ans, connue des services pour avoir voulu se rendre en Syrie, et en lien avec des Belges radicalisés, d’après la télévision belge RTBF. Dans la voiture, la police relève les empreintes d’Ornella G., 29 ans, également fichée S pour des velléités de départ vers les terres du djihad.

En garde à vue, cette mère de trois enfants, arrêtée mardi dans le sud de la France et présentée samedi à la justice antiterroriste à Paris, livre des éléments, même si ses déclarations varient. Selon son récit rapporté à l’Agence France-Presse par une source proche de l’enquête, « après une tentative infructueuse » pour mettre le feu au véhicule, les jeunes femmes « ont fui à la vue d’un homme » pris « pour un policier en civil ».

Une autre source proche de l’enquête évoque aussi, à ce moment-là, une dispute entre les suspectes. Qui était présent ? Inès Madani, Ornella G., peut-être une troisième femme, Sarah H., 23 ans, qui a tenté en mars 2015 de partir en Syrie avant d’être refoulée par la Turquie. L’enquête s’accélère. En suivant la piste d’Inès Madani, la police remonte jusqu’au domicile d’Amel S., 39 ans, à Boussy-Saint-Antoine (Essonne).


Jeudi, un message d’alerte maximale est envoyé aux policiers et une cellule de crise est mise en place au « fumoir » du ministère de l’Intérieur. Des renseignements laissent entendre que le commando préparerait un nouvel attentat imminent : il envisage d’attaquer des gares dans l’Essonne et à Paris, de s’en prendre à des policiers, de se procurer des ceintures explosives ou de lancer des voitures contre des bâtiments, d’après des sources proches de l’enquête. Le parquet de Paris ouvre une seconde enquête concernant cette nouvelle menace. Jeudi en début de soirée, les trois jeunes femmes sont repérées par les policiers à Boussy-Saint-Antoine.

Preuve de sa détermination, Sarah H., entièrement voilée, court vers un agent et lui assène un coup de couteau de cuisine. Inès Madani se jette sur un second fonctionnaire, elle aussi couteau à la main, mais le policier tire et la blesse. Elles sont arrêtées. Vendredi, la fille d’Amel S. est également placée en garde à vue. Comment le commando comptait-il passer à l’acte ? Les moyens d’action semblent rudimentaires. Sept bouteilles en verre vides et « ce qui pourrait s’apparenter à des mèches artisanales en papier », selon le procureur de Paris, François Molins, ont été retrouvés dans l’appartement de Boussy-Saint-Antoine.

Les motivations de ces femmes ne font guère de doute : Inès Madani avait, dans son sac à main, une lettre d’allégeance à Daesh et, dans son ordinateur, de la propagande djihadiste. Sarah H. a, quant à elle, laissé un testament. Sa mère, qui vit à Cogolin, « avait fait appel à moi l’année dernière, en criant au secours », a raconté le maire de cette ville du Var, Marc-Étienne Lansade (FN). Son profil intrigue les enquêteurs en raison des connexions avec les auteurs de récents attentats : elle était la « promise » de Larossi Abballa, qui a tué un policier et sa compagne le 13 juin à Magnanville (Yvelines) avant d’être abattu, puis d’Adel Kermiche, qui a attaqué le 26 juillet une église de Saint-Étienne-du-Rouvray(Seine-Maritime) avant d’être également tué par la police.

Elle devait se marier prochainement avec Mohamed Lamine A., placé en garde à vue dans cette nouvelle affaire, et dont le frère est incarcéré pour ses liens avec Abballa. Sarah H. n’a, semble-t-il, jamais vu les trois hommes, qui « lui ont été proposés via internet », explique une source proche du dossier. Internet qui joue un rôle essentiel dans l’enquête : c’est a priori via la messagerie privée Telegram que les jeunes femmes sont entrées en contact entre elles. Pour les enquêteurs, le commando a été « téléguidé » depuis la Syrie. Ils tentent d’éclaircir le rôle qu’a pu jouer Rachid Kassim. Ce djihadiste français originaire de Roanne se trouve en zone irako-syrienne, d’où il s’est révélé être un propagandiste très actif sur Telegram, appelant à frapper la France.

(avec AFP)

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