MarocOPINION DU WEB

Faut-il ériger des statues en hommage à des personnalités historiques au Maroc?

Le Maire de la ville de Tanger, membre du parti de la justice et du développement (PJD) a surpris tout le monde, y compris ses conseillers par une requête inédite. En effet, le Sieur Bachir Abdallaoui a sollicité la délégation régionale du Conseil supérieur des Oulémas de se prononcer par fatwa (Avis religieux) sur son intention d’ériger des statues en hommage à Hercule et à Ibn Battouta dans des places de la ville du détroit.

Il dit attendre une réponse de ce conseil pour savoir s’il devrait poursuivre son projet ou l’abandonner. Mais, visiblement, ledit conseil n’est pas très enthousiaste à l’idée de se prononcer sur ce sujet. Mais Ibn Battouta n’a pas attendu pas qu’on lui permette d’être représenté, puisque la Chine lui a été déjà reconnaissante et l’a immortalisé sur une statue d’une grande ville.

Cependant, il faut relever que cette sollicitation est en contradiction avec la vision et les positions des courants islamistes par rapport aux sculptures en général et surtout celles représentant des humains. La coutume marocaine s’est appuyée sur des dispositions religieuses qui interdisent d’ériger les Asnam ( Totems) que les populations arabes de l’époque antéislamique vénéraient.

Et même si aucune loi n’interdit clairement les statues, le Maroc demeure aux côtés de l’Arabie saoudite et de certains pays du Golfe, le pays où il n’existe aucune statue représentant un humain, alors qu’en Algérie, en Tunisie, En Egypte, en Irak, en Syrie et au Liban des personnalités ayant marqué leurs histoires trônent sur des piédestaux au centre de nombreuses places des principales villes. Ceci sans parler de Paris, Washington, Moscou, Tokyo ou Londres où les héros sont constamment honorés par des bouquets de fleurs.


Au Maroc, on se contente de représentations d’animaux ou de fruits, comme c’est le cas à Settat où est érigée une statue d’un cheval, de Midelt qui honore la pomme, de Guelmim qui est fière du dromadaire ou encore de Berkane qui s’enorgueillit de sa clémentine.

L’idéologie salafiste wahhabite interdit même l’identification des morts par une plaque commémorative ou une pierre tombale et les Saoudiens se contentent de mettre sur les tombeaux de leurs morts une simple pierre. Cette tendance est en train de se propager dans des milieux salafistes marocains aussi qui considèrent la construction des tombeaux comme un péché et la mise en place de statues comme une incitation à l’apostasie.

Pourtant personne à Tunis, à Alger, au Caire, à Baghdad, à Beyrouth ou à Damas n’a été surpris en train de vénérer L’Emir Abdelkader, Habib Bourguiba ou Saad Zeghloul. Et quand un écrivain et philosophe marocain, Bensalem Himmich en l’occurrence avait exprimé, il y a quelques mois, le souhait de consulter les Oulémas à ce sujet, on comprendra que la question demeure un tabou, et que la seule statue du défunt Roi Mohammed V qui existe va rester longtemps cachée derrière les murs d’une villa du quartier des orangers à Rabat.

Le sujet est ouvert au débat…

Taoufik Jdidi

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