Economie

Un levier stratégique pour l’industrialisation

Le Maroc s’impose comme l’un des pays les plus ambitieux sur le terrain de l’hydrogène vert. Les enjeux dépassent largement le seul domaine énergétique. Industrialisation, création d’emplois, souveraineté technologique, diplomatie économique… C’est un véritable projet de transformation nationale qui se dessine.

Le développement de la filière hydrogène vert représente une opportunité historique pour accélérer l’industrialisation du Maroc. Grâce à ses ressources abondantes en énergie solaire et éolienne, le Royaume dispose d’un avantage comparatif naturel, que peu de pays peuvent revendiquer.

L’ambition affichée n’est pas seulement énergétique, elle est également industrielle, technologique et géopolitique. En se positionnant sur la production, la transformation et l’exportation de l’hydrogène vert et de ses dérivés, le Maroc vise à bâtir un socle économique résilient, capable de réduire sa dépendance aux énergies fossiles importées et de diversifier ses moteurs de croissance.

Cette transition énergétique pourrait devenir le catalyseur d’une transformation structurelle de l’économie nationale, comparable à ce que fut l’essor de l’automobile ou de l’aéronautique au cours de la dernière décennie. Mais à la différence de ces secteurs, l’hydrogène offre une perspective d’intégration technologique plus large, allant de la production d’énergie à l’industrie lourde, en passant par la chimie, la logistique ou encore les matériaux avancés.

Des retombées économiques à forte intensité d’emploi
Les chiffres avancés par le ministère de l’Inclusion économique sont éloquents : quelque 300.000 emplois directs pourraient être générés d’ici 2030 par la filière hydrogène. Cela représenterait près de 10% des besoins nets en emplois du pays sur la décennie, selon les projections actuelles. Ces créations de postes seraient concentrées dans les régions du sud, où se localisent la majorité des projets d’envergure validés dans le cadre de l’«Offre Maroc», représentant un investissement cumulé de 319 milliards de dirhams.

L’effet multiplicateur serait considérable. Au-delà des emplois directs dans la construction ou l’exploitation, des milliers de postes seraient créés dans les services associés, la formation, la maintenance, le transport ou encore la gestion de données. Ce développement favoriserait également le renforcement des capacités locales, la structuration de filières industrielles de proximité, et un transfert de technologies qui profiterait à l’ensemble du tissu productif national.

Une manne d’exportation en perspective
Sur le plan extérieur, l’hydrogène vert s’impose comme un vecteur de croissance à haute valeur ajoutée. Le Maroc ambitionne de couvrir jusqu’à 4% de la demande mondiale en hydrogène vert à l’horizon 2030. Si cette trajectoire se confirme, les revenus annuels générés pourraient dépasser les 10 milliards de dollars, en tenant compte des contrats d’export d’ammoniac vert, de carburants synthétiques et d’e-fuels destinés aux marchés européens, japonais ou coréens.

L’Union européenne, en particulier, constitue un débouché stratégique. Dans le cadre de son Pacte vert, Bruxelles a fixé un objectif de 10 millions de tonnes d’hydrogène vert importé par an d’ici 2030. Le Maroc, de par sa proximité géographique, ses accords commerciaux avec l’UE et son cadre de gouvernance stable, apparaît comme l’un des fournisseurs les plus crédibles et compétitifs.

Une dynamique d’intégration industrielle à consolider
Pour maximiser les retombées économiques, il serait primordial que le Maroc ne se cantonne pas à l’exportation de matière première énergétique, mais s’engage dans la création d’une chaîne de valeur complète sur son sol. Cela passe par une montée en puissance des industries locales, avec la production de composants photovoltaïques, électrolyseurs, équipements de stockage, systèmes de contrôle, etc.

Cette dynamique nécessite des actions convergentes, montée en compétences de la main-d’œuvre, partenariats industriels Nord-Sud équilibrés, mobilisation des centres de R&D et des universités marocaines, mais aussi un accès facilité des PME aux marchés publics liés à l’hydrogène. Les politiques publiques devront orienter les incitations financières vers les projets à fort contenu local et à potentiel de capitalisation technologique.

Une carte à jouer sur la scène internationale
Enfin, le Maroc dispose d’une opportunité unique pour affirmer son rôle de plateforme énergétique entre l’Europe et l’Afrique. Au-delà des exportations, c’est toute une diplomatie industrielle qui peut se construire autour de la filière hydrogène vert.

En coopérant avec d’autres pays sur des projets transfrontaliers – infrastructures portuaires, interconnexions électriques, corridors logistiques – le Royaume pourrait impulser une dynamique régionale, tout en renforçant sa sécurité énergétique. Déjà impliqué dans plusieurs initiatives multilatérales, comme le Partenariat Afrique-Europe pour l’hydrogène ou les alliances pour les e-fuels, le Maroc capitalise sur sa crédibilité et sur sa vision stratégique pour attirer investisseurs, industriels et centres de recherche.

L’hydrogène vert ne doit pas être vu comme un simple segment technologique parmi d’autres, mais comme un levier économique capable de repositionner le Maroc dans les chaînes de valeur globales de la transition énergétique. Pour transformer cette promesse en moteur de développement, il faudra agir vite, investir massivement et structurer un écosystème solide. Le potentiel est là. L’enjeu est de le saisir !

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO


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