Economie

Marché financier : les facteurs de la relance

Le marché boursier poursuit sur sa lancée de 2023. Au terme du mois de janvier, les principaux indices de la place affichent des performances positives. Les analystes sont unanimes concernant les bonnes perspectives de la Bourse de Casablanca pour 2024. À noter dans ce sens que plusieurs facteurs plaident pour la relance du marché actions.

Les marchés financiers ont entamé l’année sous de bons auspices. Après un exercice 2023 faste, les indices boursiers ont manifestement suivi la même tendance. Les analystes de BMCE Capital global research en sont d’ailleurs intimement convaincus. S’ils estiment que la Bourse a déjà consommé une partie de son potentiel de croissance l’an dernier, le gisement reste important. BKGR table, d’ailleurs, sur une performance variant entre 5% et 10% en 2024. Plusieurs facteurs sont mis en avant par le bocker, À commencer par la prévision de consolidation des gains du Masi qui afficherait un niveau de croissance convenable, même si plus limité, tant elle a été partiellement consommée en 2023 déjà. Ceci étant, la perspective reste globalement positive. Il faut dire que les prévisions sur le plan macroéconomique sont bien orientées. BKGR anticipe une croissance économique de 3,6% en 2024 portée, notamment, par les opportunités identifiées telles que la co-organisation de la Coupe du monde 2030, la consolidation de l’activité touristique et le dynamisme des exportations. Il faudra juste être vigilant par rapport aux risques qui persistent, en particulier une hausse possible des cours du pétrole et des denrées alimentaires, ainsi que la vulnérabilité des exportations de phosphate.

Même son de cloche
Abondant dans le même sens, les analystes de MSIN sont également positifs concernant le marché actions cette année. Selon eux, «2024 semble être propice à la continuité de la relance en bourse». Le marché profiterait de la fin du cycle exceptionnel de resserrement monétaire initié au cours des deux dernières années, compte tenu du retour de l’inflation en deçà du seuil des 3% pour les années 2024 et 2025.

«Cette situation devrait conduire à une hausse du taux d’intérêt réel, ajusté de l’inflation, atteignant des niveaux positifs en 2024, pour la première fois depuis fin 2021», notent les analystes de MSIN.

À cela, s’ajoute la bonne tenue attendue des résultats des sociétés cotées. Comme BKGR, MSIN prévoit une amélioration significative de la masse bénéficiaires des sociétés de la cote portée, notamment, par la dynamique du secteur bancaire. L’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et de la Coupe du monde 2030 au Maroc recèle aussi, pour les analystes de MSIN, d’importantes opportunités pour plusieurs secteurs clés, tels que le BTP, le tourisme, l’événementiel, les transports et les télécommunications. Et ce, sans oublier les programmes structurants lancés en 2023 (programme de reconstruction des régions sinistrées par le séisme d’Al Haouz, programmes d’aide au logement et d’aide sociale) qui ne manqueront pas de dynamiser l’activité économique. Last but not least, l’annonce de la privatisation de certaines sociétés étatiques, ayant atteint un niveau de maturité économique suffisant, est également un élément clé pour alléger le déficit du Trésor et apporter du papier frais à la Bourse de Casablanca.

Arbitrages
Dans ce contexte, il est fort probable que les arbitrages des investisseurs s’orientent davantage vers le marché actions cette année, contrairement à 2023 qui a connu un basculement vers l’obligataire, en raison de la forte hausse des taux. Il faut dire que le spread a atteint un pic en juin 2023 (-104 points de base) avant de se réduire progressivement après le premier statu quo de Bank Al-Maghrib, finissant l’année sur un écart de -97 bps. Cela fait espérer aux analystes de BKGR une résorption du spread à court et moyen terme grâce à la politique monétaire accommodante de la Banque centrale. Un retour des taux à des niveaux plus normatifs, rééquilibrant ainsi la situation du marché financier en faveur du marché des actions, est aussi attendu, voire espéré.

Chronique de l’amorce de la reprise

La Bourse de Casablanca est inscrite dans un cycle haussier entamé en 2023. Une année forte en rebondissement pour les analystes de BKGR. En plus de rattraper les pertes de près de 20% de 2023, le marché actions a clôturé l’année sur une performance remarquable de +12,80%. Il aura, tout de même, fallu composé avec «le choc du resserrement brutal de la politique monétaire marocaine ayant induit une hausse spectaculaire des taux, début janvier». De quoi pousser les investisseurs à se replier sur leurs positions en début d’année, le temps d’avoir davantage de visibilité.

«En dépit d’une 3e hausse du taux directeur et d’une campagne agricole s’annonçant décevante, plusieurs éléments positifs ont participé à renverser la tendance», relève BKGR.

Il s’agit du ralentissement de l’inflation, tant au niveau national qu’international, et de la sortie réussie du Maroc à l’international pour 2,5 Md de dollars, en mars 2023. Le marché a, en parallèle, profité du retour de l’attrait des investisseurs pour des classes d’actifs plus risquées, marquant ainsi le début de la reprise. Le tout amplifié par les anticipations d’annonces majeures au second semestre 2023, à savoir l’annonce de la co-organisation de la Coupe du monde, le maintien du statu quo par Bank Al-Maghrib, et l’effervescence autour de l’IPO de CFG Bank. Et last but not least, la bonne gestion par les autorités du séisme d’Al Haouz et de ses effets.

Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO


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