Chroniques

Ouverture du parlement: pour ou contre l’habit traditionnel?

jdidi Par Taoufik Jdidi

A la veille de chaque ouverture de la session d’automne du parlement, un communiqué du président invite les représentants de la nation à cette  cérémonie et les exhorte à se présenter dans le costume traditionnel. Cette tenue est de manière générale constituée d’une djellaba blanche, d’un burnous blanc, de babouches jaunes ou blanches, selon les goûts, et d’un tarbouche rouge. Les députées portent des djellabas ou des caftans blancs et des voiles ou des foulards blancs.

Le jour de la cérémonie, tous les parlementaires se présentent ainsi vêtus.

Ce rituel a toujours existé, depuis la décision d’imposer cet habit prise par Hassan II lors du rétablissement de la vie parlementaire en 1977, dans le cadre du processus de l’ouverture démocratique entamé dans le sillage de la récupération du Sahara marocain en 1975.


Cette année encore, ce même communiqué a été publié et comme de coutume, tous les parlementaires ou presque ont appliqué la consigne. Presque… puisque deux députés fraîchement élus sur les listes de la Fédération de la gauche démocratique ne l’ont pas totalement respectée et se sont distingués par le port de tarbouches blancs, qui n’étaient d’ailleurs pas identiques. Ces deux députés voulaient faire passer leur message en portant l’un une calotte ressemblant à celle de Mohamed Bensaid Aït Idder et l’autre un tarbouche comme celui d’Abderrahim Bouabid. Tout un symbole, disent les uns, un simple coup médiatique pour les autres, mais toujours est-il que ce geste mérite que l’on s’y arrête.

Tout le monde sait que les militants et les dirigeants de la Fédération de la gauche sont unanimes à critiquer les rituels makhzéniens, selon eux archaïques, dépassés et même dégradants quant au respect de la personne humaine, notamment quand il s’agit de la cérémonie d’allégeance.

Même Benkirane et ses camarades du PJD en avaient exprimé le refus, avant de se rétracter une fois au gouvernement.

Or, le port de l’habit traditionnel au parlement, symbole de la démocratie et donc de la modernité, puisque ce n’est pas un conseil de la choura, comme c’est l’usage en Arabie saoudite, peut sembler y être antinomique. De plus, pourquoi imposer cette uniformité artificielle et purement de façade ?  L’esprit même de la démocratie, suppose le pluralisme, non seulement des idées et des visions, mais aussi des comportements, des choix et le respect des libertés individuelles.

Tout ceci n’est pas étranger à l’idéologie et à la pratique de la gauche, tant marocaine que d’ailleurs. Et il est fort à parier que nos deux députés ont longtemps réfléchi à la question et se sont concertés, avant de prendre leur décision de ne pas suivre totalement le courant. C’est une demi-mesure qu’ils ont prise, mais qui ne s’est pas inscrite dans la cohérence de leurs démarches et prises de position politiques, sociétales et culturelles. Qui les a empêchés de se présenter en costume et cravate ? Jusqu’à preuve du contraire, la consigne de porter l’habit traditionnel n’est pas une loi et son non-respect ne constitue pas un délit. C’est une simple tradition que l’on est libre de respecter comme de rejeter, surtout lorsqu’on a été élu par une partie de la population qui n’est pas acquise aux idées « makhzéniennes ».

En tout cas, les deux députés de la gauche ont débuté leur mandat par une concession de taille.

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