Chroniques

Qui veut la peau de la presse en ligne au Maroc ?

Par Mehdi Allabouch, co-fondateur de Le Site info

Il y a environ un an, le parlementaire Reda Bougmazi avait adressé une question écrite à Mustapha El Khalfi en sa qualité de chargé des relations avec le Parlement, mais aussi en tant qu’ex-ministre de la communication sous le gouvernement Benkirane. Sa question était la suivante: « sur quelles mesures concrètes se basent les établissements publics pour l’investissement publicitaire sur le digital ? »

Même si Reda Bougmazi fait partie de la même formation politique que Mustapha El Khalfi et même si la question était écrite…et bien il n’y a pas eu de réponse. Est-ce que le ministre délégué à jugé que la question n’était pas appropriée? A-t-il pensé qu’il avait mieux à faire que de répondre à un membre de son parti ? Ou ignorait-il tout simplement la réponse, en l’occurence qu’aucune règle précise ne régit ce genre d’investissement !?

Aujourd’hui, en se basant sur des faits concrets, une grande partie des investissements publics, est orienté vers les multinationales telles que Google, Amazone, Facebook… (les GAFA) et une partie infime est orientée vers les sites électroniques nationaux. Même au niveau de ces derniers, le choix n’est pas très clair et n’obéit pas toujours à une logique précise.  Preuve en est  que certains sites web inconnus au bataillon sont inclus dans des campagnes d’établissements publics. Ainsi, au grès du copinage ou de faire taire les critiques et les rumeurs, les budgets publicitaires sont distribués sans aucune logique, au détriment de la presse « sérieuse » et « crédible ».


Lors de ma dernière rencontre avec le chef du gouvernement, je lui ai posé une question similaire à celle posée par le parlementaire. Il n’avait pas la réponse, mais a supposé que la logique du prix doit surement expliquer ces investissements. Une explication approximative. Si El Othmani a de toute évidence été pris de cours. Il est donc clair qu’aucune règle ne régit l’investissement publicitaire digital du secteur public.

En tant qu’éditeur de presse digitale, je trouve que cette situation soulève trois problématiques :

– La première est que l’argent public est investit dans des sociétés étrangères qui ne sont pas installées au Maroc, elles ne payent pas un rond à l’état marocain et n’investissent pas un sous dans notre pays. 

– La seconde est que l’argent public n’est pas utilisé pour soutenir les entreprises marocaines, alors que des pays beaucoup plus ouverts que le notre ne cachent pas que lorsqu’il s’agit d’argent public, la préférence va d’abord aux entreprises nationales.

-La troisième est que ces investissements entrainent une importante sortie en devise. 

En résumé, l’orientation actuelle des investissements publicitaires du secteur public dans le digital va à l’encontre des intérêts de notre beau pays. Mais vu la réaction de Mustapha El Khalfi, ce problème semble vraiment secondaire.

Aujourd’hui, alors que la pérennité de la presse marocaine est remise en question, il est temps de faire passer cette question au rang des priorités. L’état ne doit plus rester les bras croisés.  

Monsieur le Chef de gouvernement, il est temps d’intervenir et de soutenir la presse digitale marocaine. La solution est très simple et pourrait être prise rapidement: un décret qui interdit aux établissements publics d’acheter de l’espace publicitaire sur des sites étrangers. Une mesure simple et immédiate, qui sauvera surement la peau de la presse (digitale) marocaine. On y croit.

M.A.

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