Qui est Mohamed Moussaoui, le Franco-Marocain qui veut réformer le Conseil Français du Culte Musulman
Il l’avait affirmé à plusieurs reprises. Sa volonté est de réformer « de l’intérieur », le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), Mohamed Moussaoui, ce Franco-Marocain, docteur en mathématiques, nouveau président de cette instance considérée comme le principal interlocuteur des pouvoirs publics en France pour toutes les questions liées à l’islam, dispose de tous les atouts pour le faire.
Homme de conviction, de rassemblement et d’ouverture, mais aussi de terrain, Mohamed Moussaoui a été élu, dimanche après-midi par les membres du Conseil d’Administration du CFCM, réunis à la Mosquée de Paris. Il devrait occuper cette fonction pour une période de deux ans, en vertu d’un système de présidence tournante.
Ce natif de Figuig, dans l’est marocain, maître de conférences à l’université d’Avignon, est également président de l’Union des mosquées de France (UMF), créée en septembre 2013.
Mohamed Moussaoui a poursuivi ses études à Oujda. Après l’obtention de son baccalauréat en sciences mathématiques, il intègre l’université Mohammed Ier où il obtient en 1984 son diplôme des études universitaires générales en mathématiques et physiques. Il prépare ensuite une licence de mathématiques à Rabat et sort major de sa promotion en 1986.
En septembre 1986, il rejoint Montpellier en France où il obtient en 1990 son doctorat et son agrégation de mathématiques. En 1991, il rejoint l’université d’Avignon pour un poste d’attaché temporaire d’enseignement et de recherche, puis de maître de conférences en 1992. En mars 1998, il est habilité à diriger des recherches. Il est auteur de nombreux articles et notes académiques sur différents thèmes de mathématiques.
Parallèlement à son cursus universitaire, il a été formé en théologie et sciences islamiques auprès des Oulémas marocains dans l’Oriental. Cette formation lui a permis d’assurer, depuis 1988, les prêches du vendredi dans plusieurs mosquées de France.
Membre fondateur de la Conférence des responsables du culte en France (CRCF) créée en 2010 et regroupant six instances responsables de l’Islam, des églises chrétiennes (catholique, orthodoxe, protestante), du judaïsme et du bouddhisme, il a participé à de nombreuses conférences nationales et internationales sur la pensée islamique et le dialogue inter-religieux.
Membre du CFCM depuis sa création, Mohamed Moussaoui a été président du CFCM de 2008 à 2013 et président d’honneur de cette même institution depuis le 30 juin 2013.
En proie ces dernières années à une crise profonde, des appels à réformer le CFCM n’ont cessé de fuser aussi bien de la part des Musulmans de France eux-mêmes que des pouvoirs publics français, dans l’actuel débat dans l’Hexagone sur la réorganisation du culte musulman.
Créé en 2003 sous l’impulsion de l’Etat français, le CFCM est son interlocuteur privilégié sur le culte musulman. Mais, cet organe est sans cesse critiqué pour son manque de représentativité et pour son système de cooptation qui permet à des fédérations de siéger au Conseil d’Administration, alors qu’elles n’ont pratiquement plus le soutien du corps électoral.
C’est partant de ce constat, que Mohamed Moussaoui, Président de l’Union des Mosquées de France (UMF), instance qui a remporté haut la main les élections régionales de novembre dernier, a décidé de se présenter pour, affirme-t-il, « réformer le CFCM de l’intérieur ». Une mission de longue haleine qu’il entend mener avec patience et minutie chères aux mathématiciens !!
Récemment, dans un entretien à la MAP, Hauman Yaakoubi, le Secrétaire général de l’UMF, avait affirmé qu’en décidant de participer aux élections du CFCM, l’enjeu pour l’UMF est de « réformer le CFCM de façon significative pour le réconcilier avec ceux qu’il est sensé représenter, pour qu’il puisse se donner les moyens humains et matériels de sortir de son immobilisme et de s’attaquer enfin aux vrais problèmes de l’islam et des musulmans en France ». « Les musulmans de France ont droit à une vraie représentativité démocratique issue des urnes et non à des cooptations et des auto-désignations », avait-il alors souligné.