Culture

Expo à Fès: l’héritage colonial des villes marocaines

Le centre Takafes d’art et d’innovation culturelle propose la seconde édition d’une manifestation consacrée à l’héritage colonial des villes marocaines. Une exposition se tiendra à partir du 21 janvier dans les locaux de l’Institut Français de Fès, associé à l’évènement.

Par Olivier Rachet

Inauguré en 2014, à l’initiative de Mohammed Hamdouni, son directeur artistique, le centre d’art et d’innovation culturelle se propose d’accompagner de jeunes créateurs en résidence et de réhabiliter un patrimoine artistique des plus prestigieux, au Maroc. Ville impériale, ancienne capitale de l’empire chérifien, Fès regorge de splendeurs parfois occultées. Si l’ancienne médina est classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la ville nouvelle témoigne elle aussi d’un passé ne demandant qu’à être exploré de nouveau. « Cette partie de la ville est quasiment oubliée » regrette Mohammed Hamdouni et pourtant, « toute une mémoire se cache derrière ses ruines. » Il s’agit de « découvrir les traces invisibles de la mémoire d’hier. »

Après avoir organisé, l’été dernier, sa première résidence de création photographique, Takafes présente, pour la seconde année consécutive, une manifestation permettant d’explorer l’héritage colonial des villes du Royaume. Deux artistes seront associés à l’évènement : le photographe Ali El Madani, originaire de Casablanca et l’artiste plasticienne Souad El Maysour, originaire elle aussi de Casablanca, et travaillant entre Fès et Strasbourg. Comme le souligne Mohammed Hamdouni, il s’agit avant tout « d’enrichir la scène culturelle à Fès » et d’encourager « la recherche, l’innovation artistique et la découverte de jeunes talents. »


 Les traces d’un passé qui ne passe pas

Intitulée The Water’s Side, la série photographique d’Ali El Madani s’intéresse aux reflets produits par les bâtiments et les passants dans des flaques d’eau. La prédominance du noir et blanc estompe les frontières entre hier et aujourd’hui. Les marques de signalisation routière ou ferroviaire semblent effacer les traces d’un passé restant pourtant indélébile. La présence massive des bâtiments, les rues témoignent encore d’un temps immémorial. L’intérêt porté par le photographe à l’élément liquide réduit les passants à de simples silhouettes fugitives, image d’une mémoire marquée par l’oubli. On songe aux clichés de Brassaï illustrant les couvertures des romans de Modiano. Du plus loin de l’oubli, que surnage-t-il du passé colonial des villes marocaines, semble s’interroger le photographe ?

De son côté, Souad El Maysour proposera une vidéo intitulée Farfara dans laquelle affluent, comme par enchantement, des souvenirs d’enfance en partie insaisissables. Si le titre renvoie à une sucrerie en forme de toupie, très en vogue dans le Maroc des années 60, le film rappelle l’univers expérimental des premiers films surréalistes. L’histoire personnelle et l’Histoire collective se télescopent dans un jeu circulaire qui pourrait être une métaphore de la mémoire. A n’en pas douter, l’interrogation que ces artistes portent sur le passé constitue une mise en demeure du présent lui-même, trop souvent synonyme d’amnésie.

Exposition « L’héritage colonial des villes marocaines », Institut Français de Fès, 33 rue Ahmed Loukili, Ville nouvelle,  du 22 janvier au 9 février 2017.

 

           

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