Chroniques

La lauréate

Par Bahaa Trabelsi, journaliste et écrivaine

©DR
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Elles s’appellent Maria Zouni alias Abdelmounaim, Wydad El Baouab alias Abdellah, Fatna Bouih alias Rachid, Khadija El Boukhari alias Said et Latifa Jbabdi  alias Hamid.

Ce sont leurs geôliers qui les ont affublées de ces prénoms masculins pour mieux les humilier. Elles ont connu les années de plomb et se sont battues pour nos libertés et pour un Maroc meilleur.

Ces femmes ont fait face à la torture aux coups aux menaces de viol et à l’innommable pour leurs idées. C’est l’une d’entre elles, Fatna Bouih qui a remporté le premier Prix du concours littéraire du Sofitel Tour Blanche pour son roman «Une femme nommée Rachid», ce mois de mars 2016. Un texte pour notre mémoire.


A la fois douloureux et poétique. Témoignage poignant d’une période de notre histoire que nous devons transmettre à nos enfants. Fatna Bouih a passé huit ans de sa vie, de 1974 à 1982 dans les geôles diverses et variées de notre pays. Cette femme lumineuse qui n’a rien voulu garder de son passé et qui, à sa sortie de prison s’est de nouveau jetée dans le militantisme comme dans un chemin de vie, porte en elle toutes les causes.

Ma première rencontre avec elle, il y a une quinzaine d’années, m’avait bouleversée. J’enquêtais alors sur l’univers carcéral au Maroc. D’abord frappée par son énergie et impressionnée par sa bataille forcenée pour plus de justice, je la regardais avec curiosité et admiration, malgré toutes ces années passées dans l’ombre, cette femme n’était que lumière. Elle a confié, dans une interview accordée à Fatema Mernissi : «La première fois où mes yeux ont rencontré ceux de mon tortionnaire, je savais qu’il était perdant, car j’avais une confiance inébranlable dans ma cause. Confiance qui manquait à mon geôlier, car il ne supportait pas mon regard ».

C’est ce regard qui est à l’origine de nos avancées en matière de droit. Je ne peux qu’exprimer ma joie aujourd’hui que Fatna Bouih ait obtenu ce prix. Elle a l’humilité des grands, de ceux qui n’ont plus rien à prouver.

Et en ces temps difficiles pour les femmes marocaines, je souhaite que nos filles puissent se souvenir de son nom et de ce qu’elle représente pour nous.

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