Culture hassanie : un trésor vivant au cœur du Sahara marocain

Véritable pilier identitaire des provinces du Sud, la culture hassanie constitue l’un des joyaux du patrimoine immatériel marocain. Par sa langue, sa musique, sa poésie et ses traditions orales, elle témoigne d’une histoire riche et d’un mode de vie façonné par le désert. Aujourd’hui, entre initiatives culturelles, soutien institutionnel et festivals d’envergure, le Maroc multiplie les efforts pour préserver et valoriser cet héritage unique.
La culture hassanie, héritée des tribus sahariennes, occupe une place singulière dans le paysage culturel du Royaume. Plus qu’un simple ensemble de pratiques artistiques, elle symbolise l’attachement profond du Maroc à la diversité de ses composantes culturelles et contribue à renforcer le lien entre les régions sahariennes et le reste du pays. Le dialecte hassani, la musique, la poésie et les contes oraux forment les piliers de cette culture.
La poésie, notamment féminine, y tient un rôle central : elle véhicule la mémoire collective, transmet les valeurs tribales et célèbre la beauté du désert. Les festivals organisés dans les provinces du Sud participent activement à la vitalité de la culture hassanie.
À Dakhla, le Festival national de la chanson hassanie réunit chaque année des artistes locaux et internationaux autour d’une musique profondément enracinée dans le patrimoine saharien. La ville accueille également, chaque mois de novembre, le Festival Hassani Music&CO, une célébration éclectique où fusionnent rythmes traditionnels et influences contemporaines.
À Laâyoune, le Festival de la poésie hassanie met à l’honneur la richesse de l’expression orale et vise à insuffler une nouvelle dynamique au mouvement culturel régional. Plus récemment, le festival Al-Mahsar pour la culture et le patrimoine hassanis a été organisé à Smara.
Un engagement institutionnel fort
Conscient de l’importance de cet héritage, l’État s’investit activement dans sa préservation. Le ministère de la Culture et de la Communication et le Centre cinématographique marocain (CCM) soutiennent la production de films documentaires consacrés à la culture hassanie et encouragent la recherche académique sur ses différentes expressions.
Des colloques scientifiques et des projets éducatifs visent à formaliser et à enseigner le dialecte hassani, tout en intégrant les éléments du patrimoine local dans les programmes scolaires.
Le Grand Prix national de la presse consacre désormais une catégorie spécifique à la culture et au patrimoine hassanis, renforçant ainsi leur visibilité médiatique. En parallèle, des partenariats de coopération internationale, notamment avec les Émirats Arabes Unis, favorisent la promotion de ce patrimoine au-delà des frontières marocaines.
Des défis à relever pour une transmission durable
Malgré les avancées notables, la culture hassanie fait face à plusieurs défis. Sa transmission orale, bien que vivace, demeure fragile à l’heure de la mondialisation et de la standardisation linguistique. La production audiovisuelle, bien qu’encouragée, souffre parfois d’un manque de moyens et de qualité technique.
L’intégration du dialecte hassani dans le système éducatif reste également un enjeu crucial pour garantir sa pérennité auprès des jeunes générations. Enfin, la modernisation des supports de diffusion – notamment numériques – doit s’accompagner d’un respect rigoureux de l’authenticité des traditions.
La culture hassanie, dans toute sa richesse et sa diversité, incarne un lien profond entre mémoire et modernité. Elle est à la fois un marqueur identitaire fort et un levier de développement culturel et touristique pour les provinces du Sud. Le succès des politiques de préservation dépendra de la capacité à concilier deux impératifs : sauvegarder un patrimoine immémorial tout en l’ancrant dans le monde contemporain. C’est à cette condition que la culture hassanie continuera à rayonner, au Maroc comme au-delà des frontières.
Ilyas Bellarbi / Les Inspirations ÉCO







