Marrakech: arrestation d’une militante qui distribuait des préservatifs aux prostituées

Dans le cadre d’un projet de prévention de proximité contre le VIH/SIDA, une militante de l’Association de lutte contre le sida (ALCS) procédait à la distribution de préservatifs à des « professionnelles du sexe » dans le quartier de Sidi Abbad à Marrakech. C’est alors qu’elle a été arrêtée par des policiers pour « incitation à la débauche ». Elle a été placée en garde à vue, de même que les prostituées bénéficiaires de la distribution.

« Encore une fois, l’interprétation des articles 489, 490 et 498 est à des années-lumière de la réalité puisqu’une simple action de sensibilisation et de prévention est assimilée au proxénétisme », dénonce un militant associatif. « Distribuer des préservatifs équivaut donc à encourager la pratique sexuelle dans la tête de certains éléments de la police et de la justice marocaine ».

Le Site Info a contacté M. Ahmed Douraidi, le coordinateur national de l’ALCS, pour avoir des nouvelles des personnes arrêtées et la position officielle de l’association quant à cet incident.

Il a tout d’abord insisté sur le fait que « l’incident qui est arrivé n’est pas un cas isolé. Cela arrive quelquefois ». Les nouvelles de la jeune volontaire sont bonnes. Elle a été libérée sur place après intervention des membres de l’ALCS. Les professionnelles du sexe bénéficiaires de la distribution de préservatifs ont été libérées le lendemain.  « Il est temps que nous n’ayons plus besoin d’intervenir pour des situations pareilles », a ajouté Douraidi.

« Nous avons un projet de prévention de proximité auprès des professionnelles du sexe. Ce travail de terrain de prévention de proximité entre dans le cadre d’un plan stratégique national en partenariat avec le ministère de la santé qui achète et fournit les préservatifs à distribuer, ainsi qu’avec le ministère de la justice, le ministère de l’intérieur et la DGSN elle-même ». Il précise que la DGSN est très active dans les divers projets, forums et conférences de l’association depuis que M. Hammouchi est à sa tête.

Mais sur le terrain, la réalité est toute autre. Les volontaires ont parfois affaire à des agents de police qui ne sont pas à la hauteur de la volonté politique qui transparaît sur les plans stratégiques et les forums.

M. Douraidi affirme qu’ « entre le central de la DGSN, celui de la justice et leurs agents de terrain, ce n’est pas tout noir, il y a eu une évolution, mais il y a encore un travail de longue haleine à faire sur les mentalités… Nous avons compris depuis longtemps qu’il ne sert à rien de renverser la table. Nous n’allons pas être révolutionnaires, nous allons être réformistes ».

Fédoua Ennajy