Par Olivier Rachet
Le photographe marrakchi Hicham Benohoud est un artiste mondialement reconnu qui a récemment exposé son œuvre à la Tate Modern de Londres.
L’artiste expose jusqu’au 8 mai à la fondation Slaoui et à la Loft Art Gallery de Casablanca. Voici trois séries de clichés consacrés au Maroc.
«Azemmour» nous donne à voir un ensemble de photographies en noir et blanc, portraits d’enfants esseulés, dont le visage est enserré dans des fils, attaché à un poteau surgi de nulle part ou suspendu à une corde à linge. Violence du déterminisme social qui rappelle l’atmosphère oppressante de sa série «La salle de classe». L’extérieur n’offre ici aucune ouverture au regard. Les lignes d’horizon sont occultées par la présence massive de poteaux et de cordes qui semblent neutraliser tout espoir.
La série «Acrobaties» met en scène de jeunes acrobates, tout droit sortis de la Place Jaama el Fna, saisis dans un salon ou un patio à la lumière crue. Les adolescents acrobates sont accompagnés des membres de leur famille qui fixent tous l’objectif, sans prise aucune sur les possibilités rythmiques offertes par les contorsions de leurs enfants. Un monde désespérément clos dans lequel l’imaginaire tente encore de se faire la belle.
«The Hole», série la plus récente, datant de 2015, prolonge ces visions d’intérieur et nous confrontent à des maisons -quand il ne s’agit pas de bidonvilles- dont les plafonds et les murs sont entièrement troués. D’un mur surgissent des mains qui cherchent à s’échapper, d’un plafond des jambes qui pendent oisivement. Comme l’observait Christian Caujolle à propos de «La salle de classe» : « C’est le sentiment de l’enfermement qui s’impose pour un monde ordinaire, sans spectaculaire aucun, simplement déplacé de son axe normatif pour que le glissement rende perceptible la lourdeur du temps, l’étouffement rythmé par la lampe. »
Rétrospective du photographe Hicham Benohoud, Casablanca, Fondation Slaoui / Loft Art Gallery.