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USA: Des chercheurs alertent contre une extinction de la vie marine

Le rythme soutenu des émissions de combustibles fossiles entraînerait la disparition d’environ un tiers de tous les animaux marins d’ici 300 ans, a en croire une nouvelle étude publiée dans le journal Science.

Publiée jeudi, l’étude menée par Justin Penn et Curtis Deutsch, spécialistes des sciences de la terre à l’université de Princeton, souligne néanmoins que la vie marine peut encore être sauvée. Selon les chercheurs, si les Etats mettent rapidement en place des mesures pour réduire l’utilisation des combustibles fossiles et restaurer les écosystèmes dégradés, les extinctions potentielles pourraient être abaissées de 70 %. L’océan a longtemps joué le rôle de protection contre le changement climatique, en absorbant de grandes quantités de dioxyde de carbone et de chaleur piégée par l’utilisation de combustibles fossiles et le déboisement.

Toutefois, ce service n’est pas sans coût. L’année dernière, l’océan a atteint sa température la plus élevée et sa teneur en oxygène la plus faible depuis que l’homme a commencé à mesurer ces données, il y a six décennies. Cette augmentation de la température des océans déplace les limites des zones de confort des créatures marines, qui aujourd’hui se retrouvent obligées de fuir vers le nord à la recherche d’eaux plus fraîches, provoquant la disparition locale d’espèces autrefois communes.

Les créatures polaires qui ne peuvent survivre que dans les conditions les plus glaciales pourraient bientôt ne plus avoir d’endroit où aller, tandis que les espèces qui ne peuvent pas se déplacer facilement à la recherche de nouveaux habitats seront plus susceptibles de disparaître. Les auteurs de l’étude ont démontré que la plupart des animaux ne peuvent se permettre de perdre plus de 50 % de leur habitat. Au-delà de ce chiffre, une espèce bascule dans un déclin irréversible. Dans le pire des scénarios d’émissions, les pertes seraient comparables aux cinq pires extinctions massives de l’histoire de la Terre.

À l’aide de modèles climatiques qui prédisent le comportement des espèces sur la base de types d’organismes simulés, Deutsch et Penn ont constaté que le nombre d’extirpations, ou disparitions locales d’espèces particulières, augmente d’environ 10 % pour chaque degré Celsius de réchauffement. Les chercheurs ont testé leurs modèles en les utilisant pour simuler une extinction massive à la fin de la période permienne, lorsque le réchauffement catastrophique déclenché par des éruptions volcaniques a éliminé environ 90% de toute vie sur Terre. Les modèles ayant reproduit avec succès les événements survenus il y a 250 millions d’années, les scientifiques ont pu prédire avec confiance ce qui pourrait se produire dans 300 ans.

Cette disparition marine due au climat n’est qu’un élément d’une crise de biodiversité plus large qui touche le monde entier. Un récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a révélé que le réchauffement a déjà contribué à l’extinction d’au moins 400 espèces.

Un autre groupe d’experts des Nations Unies a constaté qu’environ un million d’espèces supplémentaires sont menacées de disparition en raison de la surexploitation, de la destruction des habitats, de la pollution et d’autres perturbations humaines du monde naturel. Par ailleurs, une nouvelle évaluation exhaustive publiée mercredi dans la revue Nature a révélé que plus de 20 % des espèces de reptiles pourraient disparaître dans un avenir proche, les tortues et les crocodiles étant les plus menacés. Ces études récentes cristallisent le moment à la fois puissant et paralysant dans lequel se trouve l’humanité. Les choix faits aujourd’hui en matière d’émissions de gaz à effet de serre risquent d’impacter l’avenir même de la vie sur Terre.

Aujourd’hui, les dégâts sont déjà manifestes. Le réchauffement des eaux fait cuire les créatures marines dans leur propre habitat, plusieurs espèces suffoquent lentement à mesure que l’oxygène s’échappe des mers, et les populations qui ont réussi à résister aux ravages de la surpêche, de la pollution et de la perte d’habitat luttent pour survivre dans un contexte de changement climatique accéléré.


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