Maroc

Travail: les Marocains veulent arrêter avant 60 ans

Nombreux sont les salariés marocains qui veulent décrocher avant terme, que ce soit dans le privé ou dans le public. Ils seraient ainsi plus de 60% à vouloir partir à la retraite avant l’âge de 60 ans. C’est une révélation d’une étude menée en ligne par la plateforme Bayt.com en partenariat avec la société mondiale d’études de marché en ligne YouGov.

Au Maroc, la retraite ne rime pas toujours avec tranquillité. Pourtant, nombreux sont les salariés qui veulent décrocher avant terme, que ce soit dans le privé ou dans le public. C’est du moins ce que révèle une étude de Bayt.com, site d’emploi n°1 du Moyen-Orient dans plusieurs pays, à savoir les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, le Liban, la Jordanie, l’Égypte, le Maroc et l’Algérie. Co-produite avec YouGov, société mondiale d’études de marché en ligne, l’étude a concerné près de 1.800 travailleurs dans la région, dont 77% sont des hommes contre 23% de femmes. Plus de 48% des personnes interrogées travaillent plus de 30 heures par semaine. Plus de la majorité de celles-ci revendiquent une expérience d’au moins six ans.

L’objectif de cette étude est de comprendre les défis et les aspirations des professionnels de la région MENA. Elle couvre des aspects tels que les perceptions et les attitudes à l’égard de l’emploi actuel, les aspirations professionnelles, les obstacles à l’évolution de carrière, l’environnement de travail général et les aspirations et préoccupations personnelles. D’après les données collectées par les enquêteurs, 63% des Marocains veulent partir à la retraite avant 60 ans. Dans le détail, ils sont 12% à vouloir partir avant 50 ans, 18% entre 50 et 55 ans et 33% entre 56 et 60 ans. Seules 37% des personnes sondées ont souhaité partir après 60 ans.

Si l’étude n’a pas cité les raisons pour lesquelles la majorité des Marocains salariés veulent anticiper leur retraite, 67% des personnes interrogées au Maroc dans le cadre de cette enquête estiment que le manque d’opportunités est un facteur bloquant leur évolution de carrière. Le favoritisme et le «mauvais» Code du travail figurent également sur la liste des entraves.

Une pression supplémentaire sur la réserve de prévoyance
À la question de savoir ce qui les pousserait à chercher un autre emploi, 67% des professionnels ont affirmé être prêts à troquer leur poste actuel contre une possibilité de découvrir de nouvelles expériences, comme nous l’avons évoqué dans une édition précédente, dans le cadre du premier volet consacré à cette étude. Toujours selon celle-ci, plus des trois quarts des répondants (77%) envisageraient de déménager dans un autre pays à des fins professionnelles. Néanmoins, elle souligne que 67% des personnes travaillant au Maroc sont motivées, 17% ne le sont pas, tandis que les 17% restants n’ont émis aucun avis.

Il faut noter à ce niveau que celles qui travaillent en Algérie sont les plus motivées de la région. Pourtant, dans le pays voisin, elles sont 82% à vouloir arrêter de travailler avant l’âge de 60 ans. Seules 18% veulent franchir cette ligne, contrairement à l’Égypte où ce chiffre est de 62%. Dans le cas du Maroc, si tous ces départs exprimés se concrétisaient, cela serait une catastrophe, d’autant plus que dès 2022, la réserve de prévoyance ne couvrira que deux années de prestations pour les fonctionnaires. D’après les estimations les plus récentes à ce propos, ladite réserve s’établira à 54,21 MMDH en 2022 contre 70,65 MMDH cette année.

Devant la Commission des finances de la Chambre des représentants, face à l’urgence fin septembre, le ministre de tutelle Mohamed Benchaâboun avait d’ailleurs alerté, entre autres, sur la situation du régime des fonctionnaires, soulignant la nécessité de l’activation du mécanisme de pilotage qui doit se traduire par une hausse des cotisations à 39%. Cependant, il faut noter que ces dernières années, il y a eu décélération des départs anticipés, pourtant facilités pour le personnel qui justifie de 30 années de service effectif, lequel peut quitter de plein droit, sans l’aval de la hiérarchie. Après 8.600 départs en 2016, on en enregistre 4.166 en 2018 dans les rangs des fonctionnaires.

Khadim Mbaye (Les Inspirations Éco)


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