Economie

Hausse du taux directeur: quel impact sur l’économie du Maroc ?

Par LeSiteinfo avec MAP

Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé, lors de la récente réunion de son Conseil, d’augmenter le taux directeur de 50 points de base (pbs) à 2%, dans l’objectif de juguler l’inflation. Comment cette décision devrait-elle impacter l’économie nationale ?

Contacté par la MAP, le professeur d’économie et de finance à l’Université Mohammed V de Rabat, Hicham Sadok a souligné que cette décision de BAM était très attendue au vu du contexte international, où toutes les banques centrales ont rehaussé leur taux pour faire face à une poussée inflationniste alimentée par la flambée des prix des matières premières.

Et de rappeler que la Banque Centrale s’est refusée lors de sa réunion du 2ème trimestre d’augmenter son taux directeur pour ne pas saper la reprise économique. Or en prenant en considération un ensemble d’éléments; essentiellement, les décisions de la Réserve fédérale américaine (FED) et la Banque Centrale Européenne (BCE) qui sont passées à l’offensive contre une inflation déchaînée en remontant leurs taux directeurs, l’indice des prix à la consommation au Maroc qui a progressé de 8% sur un an, ainsi que la baisse du taux de change du dirham par rapport aux devises de références, BAM ne peut rester indifférente et s’est trouvée dans l’obligation de changer le cap pour privilégier la hausse des taux dans un objectif de stabilité des prix qui reste, après tout, sa mission principale, a expliqué l’universitaire.

Cet objectif de stabilité des prix ne peut être atteint à travers cette décision que si BAM est certaine que l’inflation actuelle est provoquée par une forte demande nationale. « Par contre, si cette inflation est liée à des raisons structurelles de l’offre, augmenter le taux directeur serait une décision contre productive, autrement dit, avec cette décision de renchérissement du coût de l’argent on aura une baisse d’activité économique et une inflation peu maîtrisable », a-t-il signalé.


D’après l’universitaire, cette décision de politique monétaire entrevoit des perspectives économiques peu optimistes, en particulier avec les séquelles laissées par la pandémie et les implications géopolitiques de la guerre en Ukraine.

Il a, dans ce sens, noté qu’avec la hausse du taux d’intérêt, l’activité économique nationale va en pâtir et accuser un ralentissement, surtout avec les décisions simultanées des autres banques centrales d’augmenter leurs taux. « C’est le spectre de la récession mondiale qui se profile », a estimé Sadok, ajoutant que la hausse du taux directeur a un effet négatif sur le niveau des activités économiques, à savoir la consommation et l’investissement.

Aussi, il a fait remarquer que cette décision entraîne mécaniquement une baisse des emprunts, tandis qu’elle augmentera, théoriquement, les dépôts d’argent dans les banques, ce qui ralentira le rythme de la croissance économique dans le pays.

Par ailleurs, selon l’universitaire, augmenter les taux d’intérêt freine les opérations d’emprunt et donc réduit le ratio de liquidité sur le marché dans l’espoir de freiner la demande et par conséquent, atténuer le niveau de l’inflation.

La décision de relever les taux d’intérêt augmentera également la charge d’intérêt des nouveaux prêts et les anciens emprunts également quand ils sont à taux variables et/ou indexés, a-t-il soulevé.

Ainsi, les acteurs économiques vont accuser un coût financier supplémentaire qui risque d’alourdir les charges et par conséquent pénaliser la consommation des ménages et la compétitivité des entreprises, a indiqué Sadok, faisant savoir qu’au niveau du budget de l’état, le service de la dette va s’alourdir ce qui risque d’aggraver le déficit budgétaire et la soutenabilité de la dette publique.

Mardi dernier, BAM avait décidé, lors de sa troisième réunion trimestrielle de 2022, d’augmenter le taux directeur de 50 pbs à 2% pour prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et assurer les conditions d’un retour rapide à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix.

La Banque Centrale avait également indiqué qu’elle continuera à suivre de près la conjoncture économique, aux niveaux national et international, et en particulier l’évolution des pressions inflationnistes.

S.L. (avec MAP)

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